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Tiens donc, la réforme de l’assurance-emploi fonctionne?

Jusqu’ici, force est d’admettre que les résultats de la réforme ne semblent pas ceux, catastrophiques, annoncés par ses détracteurs. Au contraire.

Le gouvernement fédéral a procédé à plusieurs changements au régime d’assurance-emploi au cours de la dernière année, afin de limiter les effets indésirables et inefficaces du programme.

Comme l’IEDM l’a expliqué dans un mémoire en juillet dernier, la présence du régime augmente la fréquence et la durée du chômage. Il encourage aussi le maintien d’emplois saisonniers en trop grand nombre et réduit la mobilité interrégionale des travailleurs, en incitant des gens à préférer des métiers saisonniers – conjugués à des périodes de prestations d’assurance-emploi – à des offres d’emplois permanents.

Or, à entendre les syndicats et autres groupes de pression, cette réforme allait avoir des effets dévastateurs pour les travailleurs touchés. Mais les adversaires de la réforme semblent mal comprendre un concept-clé en économie : les incitations. Lorsqu’on change les incitations (ou les motivations, si vous préférez), les gens réagissent.

La semaine dernière, le Journal nous apprenait que pour la station de ski Saint-Bruno, la réforme de l’assurance-emploi est une vénérable bénédiction. Le directeur général de la station avait auparavant de la difficulté à trouver des emplois pour l’hiver, mais cette année des travailleurs saisonniers de terrains de golf ou de surveillance et d’entretien de piscines cognent à sa porte.

Je cite l’article: « Depuis janvier 2013, une mesure liée à cette réforme prévoit que des prestataires occasionnels qui perdent leur travail doivent accepter des emplois jusqu’à 70% de leur salaire, situés à 100 km ou moins de leur domicile et pour lesquels ils pourraient avoir besoin de formation. En cas de refus, ils perdent leurs prestations. C’est donc ce qui incite les travailleurs saisonniers à se trouver un emploi pendant ce qui était auparavant considéré comme une ”saison morte”. »

Il y a quelques mois, on observait un phénomène semblable en Gaspésie, où la réforme a incité des travailleurs de la forêt et du tourisme à trouver du travail dans des usines de produits marins pendant le printemps, pour éviter la période creuse de l’assurance emploi. Et tous, semble-t-il, y trouvent leur compte

En fait, il semble que le principal « problème » de la réforme jusqu’ici ait été, entre autres, d’encourager des gens à se trouver un emploi à temps plein… Ce qui fait que certaines entreprises qui offrent des emplois saisonniers ont de la difficulté à recruter des travailleurs.

Extrait de l’article: « ”Cette année, j’ai perdu huit filles”, déplore Huguette Doucet, propriétaire de l’entreprise. Elle jette un blâme sur la réforme pour la perte de ses employées qui ont trouvé un emploi à longueur d’année ou qui sont retournées aux études. »

Est-ce une si mauvaise chose pour les travailleurs concernés?

Michel Kelly-Gagnon is President and CEO of the Montreal Economic Institute. The views reflected in this column are his own.

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