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Ottawa doit approuver les nouveaux médicaments plus rapidement

La réglementation excessive du secteur pharmaceutique et la lourde bureaucratie qui l’accompagne mettent en péril l’espérance de vie de 5000 Canadiens. Plus précisément, ce sont les délais d’attente pour l’homologation des cinq nouveaux médicaments anti-cancéreux qui seraient à l’origine de ce scandale. Ces révélations de l’Institut Fraser viennent confirmer ce que plusieurs études de l’IEDM ont déjà démontré : les longs délais d’homologation et d’autorisation de mise en marché par Santé Canada entravent l’accès en temps opportun des patients à des médicaments qui pourraient sauver leur vie.

Cette situation inacceptable n’est pourtant pas l’inévitable prix à payer afin de s’assurer que les médicaments qui entrent sur le marché canadien soient de bonne qualité. Aux États-Unis, où la Food and Drug Administration (FDA) est en charge de l’approbation de nouveaux médicaments, le temps médian consacré à l’évaluation des médicaments anti-cancéreux était entre 2003 et 2011 de 182 jours, comparativement à 356 jours pour le canada.

Ceci n’a pas toujours été le cas. Au début des années 1980, il fallait environ 2,8 années avant qu’un nouveau médicament ne soit homologué par la FDA. Conséquemment, 70 % des médicaments étaient approuvés par des agences étrangères de réglementation avant de l’être aux États-Unis. L’adoption dans les années 1990 de réformes qui incitaient la FDA à réduire ses délais d’homologation a permis des gains équivalents à une année de vie additionnelle pour entre 140 000 et 310 000 personnes, sans que des liens entre les délais raccourcis et les évènements indésirables associés à la prise de médicaments n’aient été découverts.

L’inaction des politiciens canadiens face au désespoir des patients en attente de traitements médicaux  est particulièrement inexcusable alors que des solutions connues peuvent facilement et rapidement être mises en place. Au Canada, la solution la plus prometteuse serait  de mettre en place un processus de collaboration entre Santé Canada et les organismes de réglementation étrangers. Concrètement, le gouvernement fédéral pourrait conclure des ententes avec d’autres pays en vertu desquelles les médicaments déjà approuvés dans d’autres pays pourraient passer par un processus d’homologation accéléré afin d’arriver plus rapidement sur le marché canadien (et réciproquement). Éviter ainsi le dédoublement des ressources ferait en sorte que les malades canadiens et ceux des autres pays avec lesquels nous aurions un tel accord pourraient recevoir des traitements médicaux plus rapidement.

Ce genre d’accords est d’ailleurs déjà en vigueur au Canada mais uniquement lorsqu’une urgence l’exige. Lors de la pénurie de médicaments injectables qui a eu lieu partout au pays en mars 2012, Santé Canada a réagi en autorisant temporairement l’importation de médicaments équivalents qui n’avaient pas été homologués. Il n’y a aucune raison de croire que Santé Canada ne pourrait pas utiliser ce processus d’approbation accéléré de façon permanente. De plus, ceci augmenterait la concurrence dans l’industrie pharmaceutique et inciterait les firmes canadiennes à accroître leurs investissements afin d’éviter de couteuses pénuries.

La médiatisation des victimes de graves effets secondaires de nouveaux médicaments, bien que rares, encourage les politiciens (qui redoutent d’être accusés d’inaction) à rendre plus stricte l’homologation des médicaments. On empêche peut-être certains cas d’effets secondaires pour lesquels les autorités gouvernementales auraient pu être tenues responsables. Cependant, on oublie souvent de constater les conséquences négatives entraînées par ce genre de politiques puisqu’elles se manifestent souvent tardivement.

Dans le cas présent, ce sont des milliers de patients anonymes souvent atteints de graves maladies qui voient leurs souffrances prolongées inutilement par  des délais d’homologation de médicaments prolongés. Le gouvernement fédéral n’a pas d’excuse pour réformer sa politique d’homologation des médicaments le plus rapidement possible.

Michel Kelly-Gagnon is President and CEO of the Montreal Economic Institute. The views reflected in this column are his own.

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