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Le ministre responsable de la Gaspésie fait économie… de logique

Le projet de la Mine Arnaud, sur la Côte-Nord, fait l'objet de critiques pour le moins inusitées de la part des écologistes qui s'interrogent sur sa viabilité économique. Voilà une excellente préoccupation, bien que ça ne concerne habituellement que les actionnaires, qui risquent leur argent dans ce projet. Or, parmi ces actionnaires, on retrouve une filiale d'Investissement Québec, qui va donc engager dans le développement et l'exploitation de cette mine l'argent de tous les Québécois!

Puisque des groupes écologistes se montrent si sensibles à la réalité économique, je me permets une suggestion: ils pourraient s'intéresser à la dilapidation de l'argent des Québécois… dans l'éolien. Lundi dernier, j'ai fait paraître une Note économique qui fait justement état d'une subvention implicite moyenne de 695 millions de dollars par année. Tous les Québécois perdent donc de l'argent dans cette aventure alors que ces projets n'ont « rien à voir avec la planification des besoins d'Hydro-Québec », selon son PDG, Thierry Vandal.

Un montant de 695 millions de dollars, c'est en moyenne 169 $ par abonné d'Hydro-Québec. Beaucoup de familles aimeraient voir leur facture d'électricité diminuer de ce montant! Pour ceux qui souhaitent malgré tout consommer de l'énergie éolienne, ils devraient pouvoir en acheter s'ils le veulent. Ils n'auraient qu'à payer 14 ¢ par kilowatt-heure (2,5 fois plus cher que l'hydroélectricité), le vrai prix de cette énergie.

Rentabilité économique et retombées économiques

Un projet qui n'est pas viable économiquement, comme l'électricité produite par nos éoliennes, devrait faire sourciller bien des gens, et pas seulement les écologistes. Au gouvernement, toutefois, on n'y voit pas de problème. Gaétan Lelièvre, ministre délégué aux Régions et responsable de la Gaspésie, a réagi à la recherche de l'IEDM en s'appuyant sur les retombées économiques. Selon lui, il faut conserver ce tissu manufacturier des éoliennes qui a été développé en Gaspésie. « C'est une voie d'avenir », dit-il.

On comprend que l'argument de fond: ce n'est pas si terrible que tous les Québécois perdent de l'argent, car cela crée toutes sortes de retombées positives… surtout en Gaspésie. En matière de raisonnement à courte vue, on ne fait pas mieux. Jeter 695 millions de dollars chaque année d'un avion survolant la Gaspésie aurait aussi de belles « retombées économiques ». Le hic, c'est que cet argent provient de la poche des clients d'Hydro-Québec qui auraient possiblement souhaité disposer de ce 169 $ dans leur budget pour faire des achats qui leur auraient été utiles. C'est l'aspect que le ministre ne voit pas. En prime, je garantis au ministre Lelièvre que les dépenses de tous ces ménages québécois auraient aussi généré d'importantes retombées économiques. Au moins, ces dernières seraient véritablement liées aux besoins de la population.

En une phrase, il n'y a pas de retombées économiques positives dans le cas des subventions à l'industrie éolienne puisqu'il ne s'agit que d'un simple transfert d'argent d'une poche vers une autre, un transfert inefficace, qui plus est. Si c'est ça, la voie de l'avenir…

Le ministre responsable de la Gaspésie fait économie… de logique! Non seulement son raisonnement ne tient-il pas la route, mais il contredit carrément un de ses collègues. Le 5 février dernier, le ministre de l'Environnement, Yves-François Blanchet, justifiait l'annulation de six projets de centrales hydroélectriques communautaires en invoquant d'« évidentes considérations économiques », et sans souffler mot des retombées qu'auraient eu ces projets! Le gouvernement du Québec fait preuve d'une logique économique à géométrie variable.

D'un point de vue environnemental, le gouvernement ne peut pas non plus faire valoir que l'éolien, c'est vert! Au Québec, l'alternative se trouve du côté des centrales hydroélectriques, une énergie verte et renouvelable, dont les autorités québécoises s'emploient à faire la promotion depuis des années auprès des instances américaines.

Pour les écologistes préoccupés à la fois d'impacts environnementaux et de viabilité économique, les éoliennes ne permettent pas de gains quant au premier critère, mais elles sont certainement l'équivalent de jeter de l'argent par les fenêtres quant au second!

Youri Chassin is an Economist at the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.

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