La clé de la prospérité
En réaction à ma chronique de jeudi dernier, dans laquelle j’attribuais la piètre performance économique américaine à l’application des principes keynésiens, un lecteur m’a demandé quelle approche Washington aurait dû adopter pour éviter le sinistre déclin auquel nous assistons.
La question est pertinente. La réponse, elle, peut être complexe, comme elle peut être très simple. Complexe parce qu’il existe une série de mesures susceptibles d’améliorer la situation comme, par exemple, remettre en question les programmes coûteux du gouvernement, harmoniser la rémunération versée par l’État avec celle du secteur privé, hausser l’âge de la retraite, abolir Fannie Mae et Freddie Mac, révoquer les nombreux «tsars» (des hauts fonctionnaires) récemment nommés, réviser la réforme de l’assurance maladie, etc. Toutefois, non seulement ces mesures exigeraient-elles un long processus politique, mais leurs résultats, bien que souhaitables, ne seraient pas immédiats.
La réponse au problème posé peut également être simple, car il existe un moyen facile et rapide, à la disposition de tous les chefs d’État préoccupés par l’amélioration du niveau de vie. Que l’on soit à Washington, à Ottawa, à Québec ou n’importe où ailleurs, il est possible de créer un climat favorable à la croissance économique. Pour cela, il suffit de garder à l’esprit qu’un pays n’est prospère que si son secteur privé crée suffisamment d’emplois pour réduire le chômage et permettre une hausse de la production et des revenus. Par ricochet, cela signifie que la croissance économique n’aura lieu que si des entrepreneurs sont disposés à prendre des risques, à innover et à investir temps et argent dans la concrétisation de leur vision, et si des travailleurs sont motivés à occuper les nouveaux emplois disponibles.
De là, on peut déduire que pour créer de la richesse, il est impératif de tabler sur les facteurs qui permettent de mobiliser l’énergie entrepreneuriale et la force de travail. Il suffit pour cela de tirer des leçons de l’Histoire économique et de se fier au gros bon sens.
Par exemple, on constate souvent que, pour attirer ou aider des entreprises ou des secteurs d’activités, les gouvernements accordent souvent un avantage fiscal (voire un congé d’impôts) et des exceptions au cadre réglementaire. Pareilles mesures constituent une acceptation tacite d’un principe économique compris depuis des siècles, à savoir que l’excès d’impôts et de réglementation tue la croissance. C’est simple: plus l’État impose ses conditions et s’approprie une partie importante du fruit de notre labeur, moins nous fournissons d’efforts, et moins l’économie prospère. La nature humaine est ainsi faite, et aucun discours prônant le partage et la solidarité n’y changera rien. En revanche, l’allégement des fardeaux fiscal et réglementaire est à la crise économique ce que le défibrillateur est à la crise cardiaque.
Évidemment, l’État doit parallèlement réduire ses dépenses et résorber son déficit budgétaire. En effet, tout déficit augmente la dette. Et tout gonflement de la dette laisse présager que des hausses d’impôt seront plus tard nécessaires pour permettre à l’État de respecter ses obligations, ce qui ne peut que nuire à une économie déjà chancelante.
Réduire les impôts et les dépenses gouvernementales, voilà ce qu’il faut faire pour stimuler l’économie. Il ne s’agit pas de vulgaires spéculations sans fondement. Ce sont, entre autres, les enseignements de la pensée postkeynésienne. C’est aussi ce que montrent les expériences menées par les présidents américains Harding et Reagan en 1921 et 1981. Or, le président Obama, dont les politiques interventionnistes semblent gonflées aux stéroïdes, fait exactement le contraire. Et c’est pour cette raison que les États-Unis semblent s’enfoncer dans le marasme économique.
Nathalie Elgrably-Lévy is Senior Economist at the Monreal Economic Institute.
* This column was also published in Le Journal de Québec.