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L’arnaque écologique

L’éthanol a longtemps été considéré comme une panacée. Or, nous savons maintenant qu’il n’en est rien. Il occasionne un déficit énergétique, procure un rendement jusqu’à 30% inférieur à celui de l’essence, favorise la déforestation et risque de créer des pénuries d’eau. S’il est vrai que l’éthanol permet de réduire les rejets de dioxyde de carbone, il dégage néanmoins d’autres polluants comme le dioxyde d’azote. Mais surtout, la production d’éthanol pourrait causer une crise alimentaire mondiale. Comme il faut 450 livres de maïs pour produire l’éthanol nécessaire au remplissage du réservoir d’un VUS, le prix du maïs a augmenté et atteint maintenant des sommets, ce qui incite les agriculteurs à remplacer leur culture par celle du maïs destiné aux usines d’éthanol, et provoque une flambée du prix des aliments.

Les gouvernements voulaient alimenter les véhicules à bon compte, mais ils ont oublié qu’il faut d’abord nourrir les gens. Ils voulaient sauver l’environnement, mais ils contribuent maintenant à sa dégradation. Malgré tout, les États-Unis, la Commission européenne, et même le gouvernement québécois continuent de stimuler artificiellement le marché de l’éthanol en rendant obligatoire son utilisation ou en subventionnant généreusement sa production.

L’éthanol n’est-il pas une tromperie monumentale? Mais on ne s’arrête pas là. Maintenant, on nous vante les mérites des ampoules fluocompactes. Hydro-Québec et David Suzuki martèlent qu’elles consomment 75% moins d’énergie et durent 10 fois plus longtemps que les ampoules à incandescence, tandis qu’Ottawa entend rendre leur utilisation obligatoire d’ici 2012.

Évidemment, on escamote le fait que les fluocompactes n’ont pas les mêmes vertus calorifiques que les ampoules traditionnelles, et qu’elles pourraient même engendrer une augmentation des rejets de GES.

Mais, surtout, on se garde de préciser que ces «petites merveilles» contiennent cinq milligrammes de mercure, un métal lourd si dangereux pour la santé et pour la nature qu’on l’a inscrit en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement sur la liste des substances toxiques dont on vise la quasi-élimination. Plusieurs pays ont même carrément interdit les thermomètres au mercure.

Les fluocompactes ne doivent donc pas être jetées aux poubelles. Des entreprises spécialisées doivent les traiter comme des produits dangereux. Mais surtout, il faut éviter de les briser, car il faudrait décontaminer l’endroit de l’incident. Et le procédé est laborieux! Selon l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA), on ne doit jamais aspirer les débris avec un aspirateur, car on ne ferait qu’augmenter le niveau de contamination. Il faut aérer la pièce, diminuer la température, porter des lunettes, une combinaison et un masque. Ensuite, il faut rassembler les débris dans un contenant hermétique, appliquer sur la zone le côté collant d’un ruban adhésif, apporter le contenant hermétique dans un endroit où l’on traite les déchets toxiques, etc.

Nous devons, certes, économiser l’énergie. Mais faut-il pour autant risquer notre santé en introduisant dans nos demeures des ampoules potentiellement toxiques? N’est-il pas absurde de vouloir sauver la planète en augmentant l’utilisation d’un produit hautement dangereux? Et ne devrions-nous pas être correctement avisés des dangers que peut occasionner le bris des fluocompactes et des moyens à prendre dans une telle éventualité?

Si Ottawa voulait vraiment défendre l’environnement et protéger les Canadiens, il les informerait des risques pour que nous puissions prendre des décisions éclairées et ne bannirait pas les ampoules incandescentes. Au lieu de cela, on nous fait croire que les fluocompactes constituent l’éclairage de l’avenir. Quelle arnaque!

* This column was also published in Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably is an Economist at the Montreal Economic Institute and author of the book La face cachée des politiques publiques.

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