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Le verre à moitié vide

En cette période de réjouissances, nous devrions avoir le cœur à la fête. Toutefois, les nouvelles que nous transmettent les médias, et les discours alarmants de certains groupes de pression ont vite fait de nous réduire le moral à zéro. À écouter leur litanie incessante, nous serions portés à croire que tout va affreusement mal. Pourtant, le monde ne s’est jamais porté aussi bien qu’aujourd’hui!

Imaginez un individu qui ne possède ni télévision, ni téléphone, ni radio, ni auto. Il n’a accès ni à des médicaments efficaces, ni à des médecins fiables. Son logement ne possède ni électricité, ni chauffage, ni eau courante et un misérable sceau fait office de toilettes. Il travaille 12 heures par jour dans les champs et son espérance de vie ne dépasse guère 45 ans. Cette description peut sembler déprimante, mais il s’agit du quotidien de nos ancêtres vers 1850! La nostalgie du «bon vieux temps» vous paraît-elle toujours justifiée?

La pauvreté, surtout celle des pays en développement, arrive au premier rang du palmarès des mauvaises nouvelles. On oublie cependant qu’on ne remarque un phénomène que si son contraire est également observable. La pauvreté existait au cours des siècles passés, mais personne ne s’en préoccupait parce que tout le monde était relativement pauvre. Le fait que nous soyons aujourd’hui capables de dénoncer la pauvreté et de souhaiter son éradication prouve que certains ont réussi à s’en sortir. Il ne reste plus qu’à aider les plus démunis à en faire autant. Vu sous cet angle, le verre ne semble-t-il pas à moitié plein?

Quant à l’espérance de vie, rappelons qu’au XVIIIe siècle, un bébé sur trois décédait à la naissance, et ceux qui survivaient ne pouvaient espérer vivre au-delà de 35 ans. Aujourd’hui, l’espérance de vie atteint 67 ans pour l’ensemble de la planète, et 77 ans dans les sociétés les plus développées. Dans l’ensemble des pays en développement, elle est aujourd’hui de 64 ans, soit 20 ans de plus qu’en 1950, et la mortalité infantile a diminué de moitié au cours des 25 dernières années dans plusieurs de ces pays. Par exemple, l’Inde avait une espérance de vie de 25 ans en 1906; celle de la Chine n’était que de 24 ans en 1930. Ces deux pays ont gagné 40 ans depuis!

Au chapitre de la santé, plusieurs des grands fléaux de XXe siècle, comme la tuberculose, la typhoïde, la polio, la variole et la coqueluche ont pratiquement disparu. De plus, les médicaments sont plus efficaces aujourd’hui, les cancers sont beaucoup moins fatals et les traitements contre le sida sont en constante amélioration.

Évidemment, nous préférerions tous être beaux, riches, intelligents et en bonne santé. Mais il est sans intérêt de comparer notre situation actuelle à un modèle imaginaire. Il est plus pertinent de mettre l’accent sur les progrès réalisés. Et même s’il est incontestable qu’il nous reste encore du chemin à parcourir et d’importants efforts à déployer pour améliorer le niveau de vie des tous les habitants de la terre, il est important d’être conscients des avancées dont nous avons déjà été capables.

De grâce, la prochaine fois qu’un prophète de malheur vous dépeindra un portrait sombre de l’état du monde, demandez-lui de prouver ce qu’il avance en vous exposant les progrès réalisés au cours des 150 dernières années Je suis prête à parier une tourtière qu’il voit le verre à moitié vide!

C’est le temps des fêtes et on ne devrait pas hésiter à célébrer sans crainte ni remords, puisque les choses s’améliorent! Bonne et heureuse année!

Nathalie Elgrably is an Economist at the Montreal Economic Institute.

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