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Investir pour de bons salaires

Qui se préoccupe de la rémunération des salariés doit se préoccuper de l’investissement. Des investissements plus élevés se traduisent en général par de meilleurs salaires et conditions de travail. L’investissement accroît la productivité et, par conséquent, la rémunération des salariés. L’investissement se définit par une augmentation du capital, qui est constitué du stock de bâtiments, machines et équipement qui servent à produire des biens et services. Un travailleur qui utilise du capital produira davantage que s’il ne travaille qu’avec ses mains.

On comprend pourquoi l’accroissement de la productivité du travail entraîne une augmentation des salaires. Si l’achat d’une machine rend les travailleurs de l’entreprise A plus productifs, l’entreprise B aura tôt fait d’acheter la même machine et d’essayer d’attirer des opérateurs compétents. Même si le processus n’est pas toujours visible, cette surenchère poussera naturellement les salaires à la hausse.

Les salariés des pays développés touchent des salaires plus élevés – des salaires réels, qui permettent d’acheter une quantité de biens et services – parce que leur productivité est plus grande que celles de leurs confrères des pays sous-développés. Cette productivité plus grande s’explique en partie par l’importance des investissements antérieurs.

L’investissement accroît aussi les salaires parce qu’il est une condition sine qua non de la croissance économique: l’investissement représente une capacité de production future. Or, plus la croissance est élevée, plus il y aura de biens à consommer, et plus le niveau général de rémunération sera élevé.

Éliminer les obstacles

Le Québec, qui compte 24% de la population canadienne et 21% du PIB canadien, ne recueille que 18% des investissements privés. Cela n’augure pas bien de la croissance du PIB québécois, qui traîne déjà la patte en comparaison du reste du Canada. On ne s’étonne pas de constater que la rémunération hebdomadaire moyenne est inférieure de 5% au Québec comparativement à celle pratiquée dans l’ensemble du pays.

Autre statistique inquiétante: la proportion des ménages vivant de l’aide sociale est de 7,1% au Québec, comparativement à 4,8% dans le reste du pays. Plusieurs facteurs expliquent ce fait, dont une croissance économique réduite engendrée par un déficit d’investissement privé.

Évidemment, il ne s’agit pas d’investir pour investir. C’est à chaque épargnant et à chaque investisseur de faire ses propres choix. Le marché demeure le mécanisme le plus efficace pour réguler l’investissement.

S’il existe des obstacles qui empêchent l’investissement privé, canadien ou étranger, de venir au Québec, il importe de les éliminer. Or, un grand nombre de politiques publiques québécoises alourdissent la réglementation et le fardeau fiscal, éloignant ainsi les investisseurs. C’est à cela qu’il faut s’attaquer pour promouvoir l’investissement.

Décourager les investisseurs pour ensuite les attirer avec des subventions payées par les contribuables n’est pas efficace. Comme le disait le marchand Legendre à qui Colbert demandait ce que Louis XIV pouvait faire pour promouvoir le commerce: «Laissez faire!»

 


Michel Kelly Gagnon is President of the Montreal Economic Institute.

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