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Il faut aller de l’avant avec la baisse des impôts

Jean Charest doit-il être relevé de son engagement de baisser les impôts de tous les Québécois de 5 milliards de dollars? Le président de l’Institut économique de Montréal, Michel Kelly-Gagnon, exige que le gouvernement libéral respecte sa promesse électorale d’avril 2003.

La différence entre un bon et un mauvais analyste économique est que le premier tient compte de l’ensemble des effets d’une réforme, y compris ceux à long terme. Les coûts du vieillissement de la population font par exemple partie de ces préoccupations à long terme dont il faut tenir compte. Mais ce ne sont pas les seules.

Le débat sur les réductions d’impôt a malheureusement tendance à se concentrer sur le très court terme. Ceux qui s’y opposent prétendent que le gouvernement ne pourra remplir correctement ses missions à cause des baisses de recettes fiscales que cela entraînera. Il faut cependant comprendre qu’une réduction du fardeau fiscal a aussi des effets dynamiques positifs à moyen et à long terme, et que si nous voulons en profiter dans quelques années, c’est maintenant qu’il faut prendre la décision.

Pauvre en riches et riche en pauvres

Les problèmes budgétaires du gouvernement proviennent en partie du fait que le Québec est pauvre en riches et riches en pauvres. En effet, 40% des contribuables ne paient pas d’impôt provincial sur le revenu car ils sont trop pauvres pour le faire. Et s’il y a moins de riches ici qu’en Ontario, en Alberta ou aux États-Unis, c’est notamment parce que le régime fiscal décourage l’enrichissement. Le taux maximal de l’impôt québécois sur le revenu des particuliers est le plus élevé en Amérique du Nord et s’applique à des tranches de revenu moins élevées que dans tous les pays du G-7.

Réduire ce taux maximal d’imposition aurait des effets bénéfiques importants. Avez-vous parfois l’impression qu’il est inutile de travailler plus, parce que de toute façon le fisc va venir chercher la plus grosse partie de ce revenu supplémentaire dans vos poches? C’est une réaction normale. Inversement, lorsque le fardeau fiscal diminue, les travailleurs sont incités à travailler plus et les investisseurs à investir plus. Les gens ont aussi moins tendance à travailler au noir ou à déménager dans d’autres provinces où les impôts sont plus tolérables. La croissance économique est plus rapide, ce qui augmente l’assiette fiscale et en bout de ligne les recettes du gouvernement. Mieux vaut, par exemple, recueillir 33% sur 1 000 $ d’activité économique que 52% sur 500 $!

L’Ontario et les États-Unis

Ceci n’est pas une affirmation théorique. En Ontario, malgré la réduction des taux d’imposition (le taux supérieur, incluant la surtaxe, est notamment passé de 21,9% en 1996 à 17,4% en 2001), les recettes de l’impôt sur le revenu des particuliers ont connu une croissance réelle de 14,4% sur la même période. Aux États-Unis, les réductions d’impôts très importantes de Kennedy dans les années 1960, et de Reagan dans les années 1980, ont eu le même effet. À Ottawa, on l’a vu encore récemment avec le surplus budgétaire record, les recettes n’ont pas diminuées, mais augmentent au contraire constamment malgré les réductions d’impôts entrées en vigueur en 2000.

Prospérité

C’est une économie plus prospère qui permettra de financer les services publics et la dette et d’affronter les problèmes du vieillissement démographique, pas les impôts les plus lourds d’Amérique du Nord! Le gouvernement Charest devrait donc tenir ses promesses de réduction du fardeau fiscal, au lieu de céder aux pressions des nombreux groupes corporatistes qui souhaitent continuer à bénéficier de la manne de l’État.

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