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Créer la richesse pour combattre la pauvreté

Une étude récente de l’Institut Fraser a relancé le débat sur la pauvreté au Canada. Mais tenter de définir ce qui est nécessaire pour permettre à un individu ou une famille de subvenir minimalement à ses besoins a quelque chose de délicat, voire d’un peu odieux.

Qui sommes-nous pour dire que les pauvres devraient se contenter de ceci ou cela, de tel paniers d’aliments ou de tel niveau de confort? Tant que nous n’aurons pas atteint un niveau de prospérité suffisant pour assurer l’abondance pour tous – un objectif utopique mais légitime – la pauvreté restera un sujet difficile qu’il faudra aborder avec retenue et compassion.

Ce débat reste toutefois nécessaire, car nos gouvernements gèrent de multiples programmes de dépenses dont l’intention est d’aider les pauvres. Il faut donc établir des critères pour déterminer qui aider puisqu’il y a une limite aux taxes que l’on peut redistribuer.

Selon le chercheur Chris Sarlo, auteur de l’étude de l’Institut Fraser, ce ne sont pas 17% des Canadiens qui vivent sous le seuil de pauvreté, mais 8%. M. Sarlo soutient que, compte tenu des prix qui ont cours au Québec quant aux aliments, au logement, etc., un Québécois aurait besoin d’un revenu annuel de 7870$ pour assurer son bien-être physique à long terme. C’est bien peu toutefois.

L’Institut économique de Montréal a quant à lui publié au cours des derniers mois trois Notes économiques, qui donnent une autre perspective sur ce phénomène. Il en découle trois grands constats:

1. La croissance de l’État-providence n’a pas diminué le nombre de pauvres, et ce, quelle que soit la méthode de calcul utilisée. Depuis 1981, les dépenses réelles per capita en services sociaux ont doublé au Canada (passant de 2000$ à 4000$ par année) sans effet décelable sur la proportion de personnes sous le seuil de faible revenu, qui a oscillé entre 14% et 19% au cours de cette période.

2. La pauvreté est rarement une condition permanente. À l’aide de données de Statistique Canada, on démontre que ce sont 3,3% seulement des Canadiens qui sont demeurés sous le seuil de faible revenu à chaque année de 1993 à 1998.

3. La croissance économique profite, relativement parlant, autant aux pauvres qu’aux riches. Autrement dit, quand l’économie croît, le revenu des pauvres suit presque immanquablement. C’est ce qui ressort d’une analyse de deux économistes de la Banque Mondiale à partir de données disponibles pour 125 pays depuis quatre décennies. Ces données ont été soumises à des analyses et tests statistiques rigoureux qui sont disponibles sur le site Web de l’Institut et sur le site de la Banque Mondiale. C’est à tort que certains manifestent de la suspicion ou même de l’hostilité à l’égard des stratégies procroissance, tel le libre-échange.

Si l’on veut vraiment aider les pauvres, la meilleure façon n’est pas de gonfler les budgets des programmes sociaux (dont une portion importante ne se rend même pas aux bénéficiaires), mais de favoriser la mobilité sociale et la croissance économique pour leur permettre de se sortir de la pauvreté à travers la dignité du travail. Une société prospère et productive qui valorise l’effort, l’épargne et l’investissement bénéficierait à tous.

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