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Dona Chalia et l’antimondialisation

Des milliers de militants, dont près d’une centaine de Québécois, se sont réunis au cours des derniers jours dans la ville brésilienne de Porto Alegre pour discuter de divers moyens d’entraver les échanges commerciaux et financiers à l’échelle internationale, vus comme une source d’appauvrissement et de domination.

Il est curieux de constater que c’est aujourd’hui la gauche (ou ce qui en tient lieu) qui s’oppose à la mondialisation, alors que c’était autrefois traditionnellement une position de droite en Amérique du Nord. En effet, avant de se rallier au libre-échange, le Parti républicain des États-Unis et le Parti conservateur du Canada ont défendu les tarifs douaniers à la fin du 19e siècle et pendant une bonne partie du 20e. Mais ces partis de droite ont fini par constater le tort que causait leur attitude protectionniste.

La crise des années 30, rappelons-le, a été notamment précipitée par la hausse des tarifs douaniers, que le président républicain Hoover a ratifiée en signant la loi Smoot-Hawley en 1930. Les sénateurs Smoot et Hawley étaient des politiciens inféodés à l’establishment financier d’alors. Et c’est le démocrate Roosevelt, appuyé par les syndicats, qui a par la suite baissé ces tarifs à partir de 1934. Quant aux républicains, ce n’est que dans les années 60 qu’ils ont finalement commencé à comprendre les mérites du libre-échange.

Les plus ardents partisans de la mondialisation qu’il m’ait jamais été donné de rencontrer n’étaient ni des politiciens ni des hommes d’affaires, mais des étudiants de l’université guatémaltèque Francisco Marroquin. Un de leurs professeurs, Christopher Lingle, me raconta l’histoire de Rosalía Ictem afin d’illustrer la position de ses étudiants. Connue sous le nom de doña Chalía, Rosalía est une toute petite femme de pur sang indien née au Guatemala dans la ville de Cobán. Elle mit sur pied dans le village de Santa Elena une minuscule entreprise.

Bien qu’illettrée, doña Chalía est une femme d’affaires intelligente qui sait très bien compter. La venue de la multinationale New Zealand Milk au Guatemala fut pour elle une formidable occasion d’améliorer son niveau de vie, en lui permettant de devenir vendeuse pour cette entreprise.

Lors d’une campagne visant à récompenser ses employés, New Zealand Milk offrit des téléviseurs, des ordinateurs, des réfrigérateurs, et même une voiture. Doña Chalía refusa tous les prix et suggéra plutôt qu’on lui donne un malaxeur pour qu’elle l’utilise pour vendre encore plus de produits de lait en poudre.

Voyant là une occasion de profit, la compagnie lui fournit plusieurs malaxeurs. Son idée fut rapidement reprise dans tout le pays et conduisit à une croissance des ventes considérable. Doña Chalía put jouir d’un certain pourcentage des bénéfices découlant de sa brillante idée et elle mène aujourd’hui une vie infiniment meilleure que si la Nouvelle-Zélande n’avait pas eu de présence commerciale en Amérique centrale.

Pour ceux qui restent sceptiques devant ce type d’histoire à caractère anecdotique et qui préfèrent la rigueur (réelle ou présumée) des sciences sociales, je suggère de consulter l’étude

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