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L’État et les fusions bancaires

Dans le débat sur les fusions bancaires, on a fait jusqu’ici peu de cas de la liberté économique. C’est pourtant une question fondamentale. Ce sont les conseils d’administration des banques, et non l’État, qui devraient décider s’il est avantageux ou non de fusionner deux institutions.

Si l’État veut préserver la concurrence et prévenir un oligopole, il doit encourager l’entrée en scène de nouveaux joueurs, même étrangers, pour offrir des gammes complètes de services aux Canadiens. Cela est possible grâce à Internet et sans ouvrir des succursales partout. Les épargnants et les emprunteurs auront alors un choix complet et les mécanismes du marché permettront d’offrir un plus grand éventail de services à des prix plus concurrentiels.

Il ne s’agit pas ici de prôner la déréglementation excessive. Pour préserver la liberté et la concurrence, l’État doit aussi réprimer la fraude, qui est une atteinte au droit de propriété, et vérifier la stabilité financière des nouveaux joueurs, afin de maintenir la confiance du public canadien envers le système bancaire.

Malheureusement, ce n’est pas tout le monde qui se préoccupe des principes de liberté économique. Alors que les opposants aux fusions nous servent une litanie d’arguments anti-marché, certains partisans (ceux-là sont minoritaires) se rabattent sur le protectionnisme, soutenant qu’il faut renforcer «nos banques» pour faire face à la concurrence étrangère. Des économistes se perdent en conjectures sur la «taille optimale» des institutions, pour nous convaincre que des oligopoles made in Canada donneraient plus de services à moindre coût, alors que des concurrents étrangers feraient augmenter les prix.

Dans une étude récente, le professeur James McIntosh de l’Université Concordia a simulé l’impact de trois scénarios de fusion bancaire. Il conclut que les profits bancaires, qui rapportent des milliards en impôts, accroîtraient l’avoir des petits épargnants par l’intermédaire des fonds mutuels et des caisses de retraite qui détiennent presque tous des actions de banque. Quant à la hausse des frais bancaires, elle n’aurait pas lieu, étant donné que la technologie réduit le coût des services à mesure que la taille des institutions augmente.

Le professeur voit dans ces fusions un moyen de contrer la percée des ING Direct et Wells Fargo sur le marché canadien. C’est une démonstration bien étayée, mais elle néglige un argument essentiel: le droit des administrateurs de gérer leur société et de faire des transactions avec qui bon leur semble.

Revenons donc aux principes du marché: les banques doivent être libres de fusionner et les consommateurs doivent être libres de traiter avec l’institution qui pourra le mieux les servir. Pour que cet équilibre existe, on doit déréglementer le marché de façon équitable et permettre non seulement des fusions, mais aussi la vente d’assurances par les banques et l’entrée au pays d’institutions étrangères. L’État n’a pas à s’immiscer dans la régie interne des banques. Abstraction faite des économies d’échelle et des gains d’efficacité, c’est aux administrateurs qu’il revient de décider si oui ou non deux banques peuvent s’amalgamer. Autoriser les fusions revient, en fin de compte, à respecter la liberté économique.

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