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La syndicalisation et l’emploi

La performance du marché du travail influence incontestablement celle de l’économie en général et le niveau de vie des citoyens. Un marché du travail efficace aide les entreprises à créer des emplois tout en offrant des salaires élevés correspondant à une forte productivité des travailleurs.

Une étude de l’Institut Fraser publiée en septembre dernier, et passée malheureusement presque totalement sous silence au Québec, a examiné en profondeur l’état du marché du travail dans les 10 provinces canadiennes et les 50 États américains(1).

La mesure utilisée est une moyenne de la valeur de cinq variables clés: la croissance moyenne de l’emploi total au cours des cinq dernières années, la croissance moyenne de l’emploi dans le secteur privé, le taux de chômage moyen, la durée moyenne du chômage, et la productivité moyenne par travailleur.

Le Québec reçoit une note de seulement 4 sur 10, qui le place au 55e rang sur les 60 juridictions étudiées. Parmi les provinces, seules Terre-Neuve et la Colombie-Britannique arrivent derrière le Québec. Et ceci, malgré le fait que le Québec ait été au cours des dernières années parmi les leaders en matière de création d’emplois (cinquième parmi les provinces et huitième parmi l’ensemble des juridictions nord-américaines). Son taux de chômage est donc un des plus élevés, dépassé seulement par celui des provinces de l’Atlantique. Autrement dit, malgré notre bonne performance récente, nous sommes toujours dans la queue du peloton.

Autre mesure inquiétante, la durée du chômage au Québec était la plus élevée parmi les 60 juridictions nord-américaines étudiées. En effet, 26% des chômeurs québécois sont restés au chômage pendant 27 semaines ou plus. Or, c’était le cas pour seulement 11% des chômeurs albertains. Finalement, la productivité moyenne par travailleur au Québec était parmi les plus faibles, plaçant ce dernier au 52e rang.

Pour expliquer cette performance, l’étude de l’Institut évoque plusieurs caractéristiques. En ce qui concerne la taille relative du secteur public et les principales lois régissant les relations de travail en général, le Québec se place plus ou moins dans la moyenne canadienne.

Toutefois, le taux de syndicalisation y est le plus élevé du continent: 40% des employés sont syndiqués, contre 25% en Alberta et 4% en Caroline-du-Nord. Or, la plupart des études empiriques tendent à montrer que de forts taux de syndicalisation sont, d’une part, associés avec des salaires plus élevés, mais, d’autre part, à un niveau d’investissement en capital et en recherche et développement relativement plus faible. Les juridictions fortement syndicalisées connaissent également, en général, une faible croissance de l’emploi. Évidemment, des salaires élevés ne sont pas, en soi, une mauvaise chose, sauf s’ils ne correspondent pas à une productivité aussi élevée. Si c’était le cas, les entreprises n’auraient aucun intérêt à avoir plus de travailleurs, ce qui affecterait négativement la croissance de l’emploi.

Ces données donnent à réfléchir. Si l’on veut améliorer la performance relative du marché du travail au Québec et le niveau de vie de nos concitoyens, il faudra s’ouvrir à une véritable «saison des idées».

1. A. Karabegovic, J. Clemens et N. Veldhuis, Measuring Labour Markets in Canada and the United States, édition 2003.

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