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Énergie Est : l’Office national de l’énergie doit se mettre au travail !

Les premières audiences de l’Office national de l’énergie portant sur le pipeline Énergie Est devaient commencer ce matin. Malheureusement, le désordre et le départ de la délégation de l’administration municipale de Montréal en ont forcé le report. Rappelons que ce projet, financé de façon privée, doit permettre de transporter jusqu’à 1,1 million de barils de pétrole par jour sur 4500 km, du centre de l’Alberta jusqu’au Nouveau-Brunswick.

Il vaut la peine de rappeler les buts de ces audiences publiques. L’Office national de l’énergie est un organisme de règlementation fédéral, qui a pour mandat de s’assurer de la sécurité des infrastructures énergétiques canadiennes. Quoique le site web de l’ONÉ indique que « Avant de rendre une décision ou de faire une recommandation, l’Office tient compte de considérations d’ordre économique, environnemental et social », la loi constitutive de l’Office, la décision #25 de 2014 de l’ONÉ et sa confirmation par la cour d’appel fédérale sont claires : l’ONÉ n’a pas à tenir compte et ne tient pas compte des effets en amont (production de pétrole de sable bitumineux) et en aval (la « dépendance » au pétrole) des projets.

Si l’on veut discuter des gaz à effets de serre, on doit plutôt le faire devant le BAPE au Québec ou aux audiences publiques d’Environnement Canada. En fait, le mandat de l’ONÉ porte uniquement sur les aspects liés à la sécurité, dont le tracé des pipelines, les matériaux utilisés, la solvabilité en cas d’accident, etc. Un avis aux gens qui ont perturbé le début des travaux ce matin : vous vous trompez d’adresse.

Le projet de TransCanada est un projet privé, qui va permettre des investissements de l’ordre de 15,7 G$, sans aucun endettement des contribuables et sans danger de dépassements de coûts assumés par eux. La construction du pipeline va créer de nombreux emplois (c’est d’ailleurs pourquoi la FTQ-Construction l’appuie) et produire des revenus ici et ailleurs au Canada. Les actionnaires de TransCanada y voient une bonne occasion. Si les Canadiens réduisent fortement leur consommation de pétrole, ces investisseurs privés auront fait une erreur. Mais c’est peu probable, si on se fie aux données des 15 dernières années et aux prévisions de plusieurs organisations internationales.  

Une diversification et une amélioration des moyens de transport de l’énergie sont dans l’intérêt de tous. Rappelons qu’on déplace déjà du pétrole par pipeline, par train, par camion et par navire au Canada. Un des problèmes avec le pétrole albertain est d’ailleurs l’enclavement de cette province, qui n’a pas un accès direct à la mer. Si on ajoute le manque d’infrastructures de transport d’hydrocarbures, on comprend mieux pourquoi le pétrole albertain se vend actuellement avec un escompte d’environ 12 $ sur le prix du pétrole texan, ce qui plombe l’activité économique et les revenus du gouvernement d’Edmonton. N’oublions pas que l’Alberta et le Québec font partie du même pays.

Ce projet s’inscrit aussi très bien dans l’idée de promouvoir le libre-échange à l’intérieur du Canada. On n’a pas besoin d’être employé par une compagnie qui exporte sa production pour bénéficier des avantages du libre-échange : plus grands choix, meilleurs prix, plus de concurrence et meilleur niveau de vie.

Bref, espérons qu’on pourra bientôt démarrer le processus et discuter de ce qui compte vraiment : comment faire du projet de TransCanada un succès pour tous.

Germain Belzile is a Senior Fellow at the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.

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