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Communiqués de presse

Guerre commerciale Canada/É-U : Trump (comme plusieurs) souffre d’incompréhension économique

Montréal, 1er juin 2018 – L’administration Trump a décidé d’imposer un tarif de 10 % sur les produits d’aluminium canadiens et de 25 % sur ceux d’acier. Il s’agit d’une très mauvaise décision. Malheureusement, comme d’autres décisions du président américain en ce qui a trait au commerce, celle-ci est basée sur des prémisses erronées partagées par un grand nombre de décideurs et de commentateurs, déplore le président et directeur général de l’IEDM, Michel Kelly-Gagnon.

Ces mesures protectionnistes rendront nos exportateurs moins concurrentielles sur le marché américain, mais surtout, les consommateurs américains payeront plus cher nos produits, ce qui les appauvrira. La solution préconisée par le gouvernement canadien, soit que le Canada « réplique » en imposant lui aussi des tarifs sur les produits américains, est tout aussi dénuée de logique économique, même si elle peut par ailleurs se justifier d’un point de vue strictement politique. Elle aura, elle aussi, comme conséquence d’appauvrir les consommateurs canadiens.

Selon M. Kelly-Gagnon, cette surenchère de mauvaises décisions a une source, que les économistes s’efforcent de combattre depuis des siècles : la théorie mercantiliste. « Cette façon de voir, qui constitue de l’obscurantisme économique, avait déjà été réfutée sans appel par Adam Smith à la fin du 18e siècle. Malgré cela, elle est encore malheureusement bien présente dans l’esprit et la logique de plusieurs, et ce bien au-delà des cercles de l’administration Trump. Notamment chez ces nombreux politiciens et commentateurs qui ne sont rien de moins que des cancres quand vient le temps d’analyser les questions de libre-échange et de « balance commerciale » », souligne le président de l’IEDM.

Selon la perspective mercantiliste, si on exporte plus qu’on importe, tout va bien. Et si au contraire on importe plus qu’on exporte, tout va mal. Il s’ensuit qu’un pays devrait forcément faire tout ce qui est en son pouvoir pour avoir une balance commerciale « plus équilibrée ». Le concept de balance commerciale ne nous dit cependant strictement rien sur la façon dont une société s’enrichit et n’est en fait pertinent que dans un nombre restreint de situations.

« Nous avons tous un « déficit commercial » avec quelqu’un, que ce soit notre épicier, notre dentiste ou encore le professeur de musique de nos enfants. Cela devrait-il nous préoccuper? Absolument pas! La même logique s’applique aux échanges commerciaux entre Montréal et Laval, ou entre l’Île-du-Prince-Édouard et la Saskatchewan. Personne ne s’inquiète des surplus ou déficits commerciaux entre ces différents endroits », explique M. Kelly-Gagnon.

De plus, la balance commerciale ne nous informe que sur un aspect des échanges entre les pays. Il faut pousser l’analyse plus loin pour avoir un portrait complet de la situation. Si nous importons davantage que nous exportons, cela signifie en quelque sorte que les étrangers « achètent » des dollars canadiens avec des biens qu’ils nous vendent. Ces dollars représentent pour eux des actifs avec lesquels ils peuvent, par la suite, acheter des actions dans des compagnies canadiennes ou encore des titres financiers émis par des gouvernements canadiens. Ce faisant, ils investissent au Canada, et nous « récupérons » ainsi cette supposée « perte » qui aurait été causée par un déficit commercial.

« Malheureusement, cet aspect fondamental de l’analyse économique est généralement absent, ce qui entretient l’idée qu’une balance commerciale doit nécessairement être positive. Cela mène éventuellement à des décisions aberrantes comme celles annoncées hier », dit M. Kelly-Gagnon. « Pour l’avenir, afin d’éviter d’autres guerres commerciales, il serait utile que cette leçon très simple soit comprise par tous : peu importe la direction des échanges de biens et services ou de capitaux, nous sommes tous plus riches grâce à ces échanges », conclut-il.

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L’IEDM est un organisme de recherche et d’éducation indépendant, non partisan et sans but lucratif. Par ses études et ses conférences, l’IEDM alimente les débats sur les politiques publiques au Québec et partout au Canada en proposant des réformes créatrices de richesse et fondées sur des mécanismes de marché.

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Demandes d’entrevues : Alexandre Bernier, adjoint aux communications, IEDM, Tél. : 514-273-0969 p. 2226 / Cell. : 514-884-2947 / courriel : abernier@iedm.org

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