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Textes d'opinion

Le vrai problème d’Investissement Québec

Une récente controverse touche le nombre de cadres chez Investissement Québec, qui aurait fortement augmenté alors que le nombre d’employés est resté le même. Pourtant, la véritable controverse devrait toucher la mission même d’Investissement Québec.

Par l’entremise d’organismes comme Investissement Québec, l’État tente d’encourager l’entrepreneuriat par des programmes de subventions et des garanties de prêts pour jeunes entrepreneurs, entre autres. En tout, il y aurait 440 de ces programmes destinés aux entrepreneurs au Québec.

Pourtant, il est loin d’être certain que ces interventions gouvernementales aient une influence notable sur le niveau net d’entrepreneuriat au sein de la société. Certaines ne feront que déplacer des entrepreneurs qui lanceront d’autres types d’entreprises pour être admissibles à ces programmes : on n’a pas plus d’entreprises, on a simplement des entreprises différentes, qui se sont pliées aux exigences de ces programmes pour effectivement recevoir leurs subventions.

Pire, ces politiques contribuent aux problèmes qu’elles visent à régler. C’est un sujet que mon coauteur, le professeur Pete Boettke, et moi avons récemment abordé dans un cahier de recherche sur l’entrepreneuriat au Canada.

Deux mauvaises solutions

Comme l’argent de ces subventions ne tombe pas du ciel, il faut bien le financer. L’État a deux choix : ou bien il augmente les impôts, ou bien il augmente ses emprunts.

L’impôt sur le revenu des particuliers prive ceux-ci d’une part de leur revenu. Et le Québec est d’ailleurs en queue de peloton en ce qui a trait au revenu disponible par habitant. En conséquence, les entrepreneurs potentiels sont donc moins capables de financer leurs entreprises parce qu’ils amassent moins de richesse.  

Il existe bien sûr des banques, des anges investisseurs et des parents. Mais il reste qu’il est généralement plus difficile de convaincre un tiers d’investir dans son entreprise que d’utiliser ses propres ressources. Si la taxation freine l’incitation à accumuler des richesses, on peut s’attendre à ce qu’il y ait moins d’entrepreneuriat.

L’impôt sur le revenu des sociétés, lui, pousse certains entrepreneurs à renoncer à des opportunités de profit tout simplement parce qu’il réduira le gain. En réduisant le profit lié au développement d’une nouvelle entreprise ou à l’investissement en général, les gouvernements découragent les activités entrepreneuriales.

L’emprunt par le gouvernement, enfin, n’est guère une meilleure solution. L’État évince l’entreprise privée par son utilisation des ressources financières de la société, qui sont limitées. Le secteur privé dispose donc de moins de ressources pour étendre ses activités, et ces ressources coûtent aussi plus cher. Les jeunes et petites entreprises souffrent particulièrement de ces répercussions.

Au lieu de subventionner la création et l’expansion des entreprises, l’État ferait davantage œuvre utile en supprimant tous les obstacles fiscaux qu’on dresse sur leur route et qui les empêchent de croître et de se développer.

Mathieu Bédard est économiste à l’Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

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