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Textes d'opinion

Nos restaurateurs prisonniers du monopole

Les problèmes informatiques de la SAQ mettent en rogne plusieurs propriétaires de bars et restaurants québécois. Les délais de livraison les forcent à aller chercher eux-mêmes des caisses d’alcool en succursale, faire la file et transporter eux-mêmes leurs commandes, et ce depuis près d’un mois, en pleine saison des terrasses.

Le Syndicat des travailleurs et travailleuses de la SAQ parle d’un retard de livraison d’environ 100 000 bouteilles. Tout ça fait perdre un temps énorme aux restaurateurs, qui doivent parfois consacrer jusqu’à une journée complète par semaine à gérer cette situation. Sans parler des ruptures de stock que cela entraîne, qui forcent certains à modifier leur menu en conséquence.

Quand la situation sera-t-elle réglée? Bientôt, dit la SAQ, mais plusieurs restaurateurs n’en ont aucune idée car la communication est, semble-t-il, très mauvaise.

Si vous aviez une entreprise et qu’une telle situation se produisait, que feriez-vous? Vous casseriez probablement le contrat et chercheriez, parmi les concurrents, un fournisseur plus fiable. Or, les restaurateurs québécois n’ont pas ce luxe. Ils n’ont pas le choix. Ils doivent endurer les déboires d’un monopole, car il n’existe aucune autre option.

Il va sans dire qu’en situation de concurrence avec des cavistes et autres fournisseurs d’alcool, la SAQ perdrait ces jours-ci des clients au profit de ces derniers. Mais en ce moment, avec le monopole conféré à la SAQ par la Régie des alcools, les restaurateurs et les clients sont captifs et doivent endurer les ratés. Voilà une raison de plus pour ouvrir le marché à la concurrence, comme nous l’avons déjà d’ailleurs proposé. 

C’est d’ailleurs ce qu’une majorité de Québécois veulent. En effet, un sondage Léger, commandé récemment par l’IEDM, montre qu’une forte majorité de Québécois appuient l’idée d’ouvrir le marché à la concurrence. Entre autres :

  • 71 % se disent d’accord pour que des commerçants indépendants (par exemple, des restaurateurs et cavistes) puissent importer librement les vins et les vendre directement aux consommateurs, sans être obligés de passer par la SAQ ;
  • 84 % souhaitent avoir le droit d’acheter du vin au Canada, ou ailleurs, sans passer par la SAQ.

Ces résultats devraient encourager les décideurs politiques à libéraliser la vente de vins et spiritueux. Cette idée est fortement appuyée par les Québécois, et ce peu importe leur âge, sexe ou affiliation politique.  

Le gouvernement en place n’a aucune excuse pour ne pas agir dès maintenant. La fin du monopole de la vente de vins et spiritueux au Québec est non seulement souhaitée par les Québécois, elle est souhaitable pour nos entrepreneurs, nos restaurateurs et même pour la SAQ, qui n’aurait d’autre choix que de devenir plus efficace et de prendre soin de ses clients beaucoup mieux qu’en ce moment.

Pascale Déry est vice-présidente, Communications et développement à l’IEDM. Elle signe ce texte à titre personnel.

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