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Textes d'opinion

Nos artistes sont aussi des entrepreneurs !

Les Québécois n’ont jamais eu autant d’occasions de percer les marchés et les frontières. Et plusieurs le font très bien d’ailleurs. La dernière cérémonie des Oscars est un bel exemple, avec plusieurs créateurs et artisans québécois dans les rangs des artistes mis en nomination.  Or, quand on parle des artistes au Québec, c’est souvent pour dire qu’ils dépendent des subventions. Pourtant, on trouve de plus en plus d’exemples de cinéastes, d’écrivains ou de chanteuses qui ont un côté entrepreneurial et qui prennent en main leur destinée.

Récemment, un jeune cinéaste, Francis Bordeleau, a décidé de tourner son premier long métrage, WOLFE, sans l’aide de subventions. Le financement du film provient entièrement de fonds privés. 

Le film documentaire Maman, non merci, de Magenta Baribeau, a été produit à l’aide du financement participatif (crowdfunding), auquel notamment un de mes collègues a contribué. Il s’agit d’un documentaire sur des femmes qui ont choisi de ne pas avoir d’enfants, et comment la société les perçoit.

Le cinéaste Denis Villeneuve a réalisé il y a quelques années son prisé Next Floor grâce à une mécène, sans soutien de l’État.

Annie Villeneuve, qui a essuyé des critiques de la part des bien-pensants du monde artistique québécois, a remporté son pari de réunir plus de 60 000 $ par le financement participatif pour enregistrer son prochain album à Nashville. Elle a même réussi à atteindre son objectif de campagne plusieurs semaines à l’avance.

Marie Laberge a décidé il y a quelques années de vendre elle-même la version numérique de son livre Mauvaise Foi sur son site Internet. L'auteure s’est bien sûr fait accuser de « nuire à l’écosystème du livre » par des librairies indépendantes

Les créateurs de desputeaux+aubin, une maison de production (notamment de livres de Caillou), se disent « fiers de créer, produire et diffuser sans subventions ».

Oui, vous avez bien lu, produire et distribuer sans subventions, au Québec !

Bref, des entrepreneurs-artistes, ça existe et il pourrait y en avoir beaucoup plus. Malheureusement, nos artistes ont souvent le réflexe de se tourner vers l’État. Normal puisque, comme ce dernier prend toute la place, il n’en reste plus beaucoup pour le soutien privé, et que ce dernier n’est pas nécessairement encouragé : il est vu comme étant à la marge du système, les œuvres qui en sont issues étant produites en dehors des cercles de financement habituels.  

On trouve pourtant plusieurs entrepreneurs parmi nos artistes, et avec les moyens technologiques qui évoluent rapidement, et les moyens financiers qu’offrent des initiatives comme le crowdfunding, de plus en plus d’entre eux vont percer sans subventions. C’est une bonne nouvelle pour nos poches de contribuables ! Mais c’est aussi une bonne nouvelle pour les arts en général, parce que les créateurs pourront laisser libre cours à leur expression sans autorisations gouvernementales.

Les sites comme YouTube et Facebook, entre autres, permettent aux artisans d’afficher leurs œuvres, les informations concernant leurs spectacles, et des liens pour acheter directement des chansons ou des livres. Ces innovations ont fait chuter les coûts de marketing et de distribution.

La réalité évolue rapidement dans le monde culturel. À quand un changement dans nos politiques publiques pour refléter cette évolution ? Il est faux de croire que sans l’État et les subventions, il y aurait peu ou pas de création artistique, et que les artistes seraient tous à la rue. Ce discours est dépassé, et est à la limite insultant pour nos artistes-entrepreneurs, qui sont de plus en plus nombreux, débrouillards et talentueux.

Jasmin Guénette est vice-président de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

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