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Textes d'opinion

150e anniversaire du Canada : des progrès freinés par un État omniprésent

 

En 1867, il y a 150 ans, la fédération canadienne naissait de l’union de trois colonies britanniques (le Canada-Uni, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse) qui formèrent les quatre premières provinces. Je propose dans cet article de faire un survol économique rapide de ce siècle et demi.

En termes de niveau de vie de ses habitants, le progrès a été significatif. En général, les économistes le mesurent à l’aide du PIB réel par habitant, une mesure du revenu généré par la production dans le pays. On considère souvent cette variable unique comme adéquate, car la plupart des autres que l’on pourrait souhaiter inclure dans la mesure du bien-être des citoyens sont fortement corrélés avec le PIB par personne. Par exemple, l’espérance de vie, l’accès à l’éducation, l’alphabétisation ou les opportunités sont tous plus développés dans un pays où le PIB par habitant est élevé, comme au Canada, que dans un autre où il est faible, comme le Togo.

Le PIB réel par habitant (le revenu réel, pour lequel on a neutralisé l’effet de l’inflation) a été multiplié par 16 au Canada depuis 1867. Autrement dit, le Canadien moyen avait en 1867 un niveau de vie inférieur à celui d’un habitant actuel du Bengladesh. Tout un progrès ! Évidemment, étant donné que la population canadienne est passée en 150 ans de 3,5 millions à 36,5 millions, le PIB réel a augmenté beaucoup plus. Et ce progrès immense du revenu par habitant s’est effectué en parallèle avec une baisse marquée des heures travaillées, qui sont passées d’environ 3000 heures annuellement par travailleur en 1867 à 1550 heures aujourd’hui.

Le pouvoir d’achat a-t-il été multiplié par 16, comme le PIB réel par habitant ? Non, car l’État est devenu en 150 ans obèse et tentaculaire. Alors qu’en 1867, les taxes et impôts des trois paliers de gouvernement représentaient moins de 7 % du PIB, elles s’élèvent aujourd’hui à plus ou moins 45 %, selon la région habitée. Autrement dit, le Canadien moyen travaillait 3,5 semaines annuellement pour fournir des ressources à l’État à l’époque, contre 5 à 6 mois aujourd’hui.

Cette augmentation relative de la taille de l’État s’est accompagnée d’un rôle accru, alors que les gouvernements ont nationalisé des pans entiers de l’économie (santé, éducation, charité, jeu, et j’en passe) et imposent une réglementation tentaculaire dans de nombreux secteurs. Évidemment, l’espace de liberté des citoyens, qui s’est étendu grâce à l’augmentation généralisée des revenus, a aussi rétréci en raison de la multiplication des lois et règlements.

Le progrès technologique, la mondialisation, l’augmentation généralisée des niveaux et vie et les changements des préférences des consommateurs ont aussi mené à de profondes transformations dans la structure de l’économie. En 1867, les industries importantes étaient l’agriculture, la foresterie, les pêcheries et la construction navale. Aujourd’hui, environ 80 % des travailleurs œuvrent dans le secteur des services. Il faut tout de même noter que le secteur de l’extraction (mines, hydrocarbures) est encore extrêmement important, surtout pour les habitants hors des grandes villes.

Un dernier petit mot, au sujet de la composition de la population : en 1867, environ 79 % des habitants étaient nés au Canada. En 2017, on est à 79,4 %. Rien de nouveau donc dans le paysage, alors que le Canada est toujours un pays ouvert à l’immigration.

J’en profite pour souhaiter à tous les lecteurs du Journal de Montréal une très bonne année : santé, bonheur, mais aussi un peu plus de croissance économique et de liberté.

Germain Belzile est chercheur associé senior, département des actualités, à l’IEDM. Il signe ce texte à titre personnel.

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