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Entrepreneuriat et liberté économique : une analyse des études empiriques

L’entrepreneuriat est l’un des principaux moteurs de l’économie. Les entrepreneurs investissent, créent des emplois et contribuent à augmenter le niveau de vie de tous. Ce Cahier de recherche s’intéresse au lien empirique entre l’entrepreneuriat et la liberté économique. S’il existe une corrélation positive entre ces deux variables, les politiques publiques visant à soutenir la création d’entreprises doivent en tenir compte.

Communiqué de presse : La liberté économique favorise l’entrepreneuriat plus que les programmes gouvernementaux
 

En lien avec cette publication

Atlantic region needs economic freedom (Telegraph-Journal, 14 novembre 2016)    

Entrepreneuriat et liberté économique : une analyse des études empiriques

Points Saillants

L’entrepreneuriat est l’un des principaux moteurs de l’économie. Les entrepreneurs investissent, créent des emplois et contribuent à augmenter le niveau de vie de tous. Ce Cahier de recherche s’intéresse au lien empirique entre l’entrepreneuriat et la liberté économique. S’il existe une corrélation positive entre ces deux variables, les politiques publiques visant à soutenir la création d’entreprises doivent en tenir compte.

Chapitre 1 – Les définitions et mesures de l’entrepreneuriat

 

  • Les entrepreneurs sont essentiels à l’activité économique. Ce sont eux qui identifient de nouveaux moyens de résoudre le problème économique (quoi produire, pour qui produire, comment produire).
  • Selon l’une des principales théories de l’entrepreneuriat, l’entrepreneur est une source de changement économique et ce changement est gage d’instabilité. En innovant, l’entrepreneur chamboule l’ordre établi et oblige les autres entreprises à s’adapter.
  • Une deuxième théorie est celle de la « vigilance », qui peut être qualifiée d’approche dominante aujourd’hui en sciences de la gestion et, dans une moindre mesure, en économie. L’entrepreneuriat est une attitude de vigilance face aux opportunités de profits non réalisées.
  • Selon une troisième théorie, l’habileté des entrepreneurs résiderait dans le fait d’avoir un bon jugement pour prendre des décisions malgré l’incertitude à laquelle doit faire face toute entreprise, ou tout projet économique.
  • Certaines institutions orientent l’entrepreneuriat vers des activités productives, mais si de mauvaises institutions guident les entrepreneurs, ceux-ci peuvent devenir les agents de la stagnation et du recul économique, plutôt que les agents de la croissance et du progrès.
  • Ni les entrepreneurs productifs, ni les improductifs, ne sont uniquement guidés par les institutions; ils peuvent aussi chercher à éviter les contraintes institutionnelles, ou même à altérer les institutions.
  • Que l’entrepreneuriat soit un concept plus abstrait que le simple fait d’être un chef d’entreprise et qu’il existe plusieurs conceptions et types d’entrepreneuriat ne signifie pas qu’il est impossible de le mesurer. Cela signifie simplement qu’il doit parfois être observé au moyen de données indirectes.

Chapitre 2 – La définition et les mesures de la liberté économique

  • La liberté économique, comme l’entrepreneuriat, est un concept relativement abstrait qu’on ne peut pas mesurer directement. On doit chercher à mesurer les éléments qui la composent, c’est-à-dire les institutions.
  • Le rapport Economic Freedom of the World divise la liberté économique en cinq composantes : la taille de l’État, le système juridique et les droits de propriétés, la qualité du système monétaire, la liberté du commerce international et la réglementation.
  • La première composante, la taille de l’État, vise à évaluer dans quelle mesure c’est le processus politique plutôt que le marché qui détermine l’affectation des ressources et la production des biens et services.
  • La seconde composante, le système juridique et les droits de propriété privée, vise à évaluer la protection des personnes et de leurs biens légitimement acquis, un élément central de la liberté économique et d’une société civile.
  • La troisième composante étudie si la monnaie et le système monétaire sont sains. En particuliers, l’inflation diminue la liberté économique puisqu’elle rend le calcul économique à long terme plus difficile.
  • La quatrième composante, la liberté du commerce international, mesure les droits de douane, les quotas, les restrictions administratives cachées, les contrôles sur les taux de change et les limites sur les mouvements de capitaux.
  • La cinquième composante étudie la réglementation du crédit, du travail, et des affaires qui empêche les entreprises et les individus de faire des choix qu’ils auraient faits autrement.
  • Un classement qui s’apparente très fortement au rapport Economic Freedom of the World est le rapport Economic Freedom of North America, qui classe les États et les provinces. L’Alberta se détache comme étant clairement la province avec la plus grande liberté économique au Canada, et le Québec est en queue de peloton avec une note nettement inférieure à toutes les autres provinces.
  • Un niveau de détail supplémentaire est maintenant disponible aux États-Unis grâce à An Economic Freedom Index for U.S. Metropolitan Areas, qui note les grandes régions métropolitaines américaines selon leur liberté économique.

Chapitre 3 – La liberté économique explique-t-elle les variations dans le niveau d’entrepreneuriat?

  • Le lien entre liberté économique et création d’entreprises, au niveau international, est assez évident. Un simple coup d’œil aux données brutes confirme la relation étroite qui existe entre ces deux variables.
  • Trois études principales se penchent sur ce lien au niveau des pays, confirmant l’effet positif de diverses composantes de la liberté économique sur l’entrepreneuriat. Des différences dans les sources et les méthodologies expliquent pourquoi les trois études n’arrivent pas exactement aux mêmes conclusions.
  • D’autres études s’intéressent aux différences entre les États américains et confirment l’effet positif de la liberté économique sur l’entrepreneuriat à ce niveau.
  • Une étude au niveau métropolitain aux États-Unis observe que lorsque la liberté économique augmente dans une zone métropolitaine, il y a plus de créations d’entreprises dans celle-ci et dans les zones avoisinantes.
  • Bien qu’il n’existe, à notre connaissance, aucune étude économétrique qui vérifie si la liberté économique peut expliquer les différences dans le nombre d’entreprises créées dans les provinces canadiennes, une analyse des données brutes fait apparaître une tendance claire associant une plus grande liberté économique à un plus fort taux de création d’entreprises.
  • Quant à la qualité de l’entrepreneuriat, trois études confirment que la liberté économique peut réorienter l’entrepreneuriat d’activités improductives vers des activités productives. Lorsqu’il y a plus de liberté économique, les entrepreneurs fondent plus d’entreprises dans le secteur des affaires et du commerce et moins dans les secteurs directement liés à la recherche de privilèges politiques.

Introduction

L’entrepreneuriat est l’un des principaux moteurs de l’économie. Le travail des entrepreneurs est de s’assurer que l’offre répond à la demande, mais aussi de rendre les innovations disponibles aux consommateurs. Ce faisant, ils investissent, créent des emplois et contribuent à l’augmentation du niveau de vie de tous.

Conscients de l’importance de favoriser cet entrepreneuriat afin de stimuler l’activité économique, plusieurs gouvernements ont mis en place des programmes d’aide qui prennent diverses formes. Parmi ceux-ci, on retrouve par exemple des programmes d’éducation et de formation à l’entrepreneuriat, un appui financier aux incubateurs d’entreprises ou encore des subventions et prêts garantis aux jeunes entrepreneurs. Il n’est toutefois pas clair que ces interventions étatiques influencent de façon notable le niveau d’entrepreneuriat au sein d’une société. Certaines ne font que déplacer les entrepreneurs, qui lancent d’autres types d’entreprise pour avoir droit à ces programmes(1).

Au contraire, les divers facteurs qui correspondent à la liberté économiques jouent un rôle beaucoup plus important. La taille de l’État, la lourdeur des impôts, les droits de propriétés, la monnaie, l’ouverture au commerce international, ainsi que la réglementation économique ont tous un effet sur la création d’entreprise. Ces facteurs correspondent à ce que la science économique appelle les institutions, c’est-à-dire les règles du jeu économique.

Ce Cahier de recherche s’intéresse au lien entre l’entrepreneuriat et la liberté économique d’un point de vue empirique. Dans le premier chapitre, nous allons définir ce qu’est l’entrepreneuriat et analyser certains indicateurs utilisés pour mesurer ce phénomène. Dans le second chapitre, nous allons définir ce qu’est la liberté économique, puis présenter certains indices mesurant la liberté économique dans le monde et en Amérique du Nord. Enfin, dans le dernier chapitre, nous passerons en revue les études qui établissent le lien entre liberté économique et entrepreneuriat.

Ce Cahier de recherche est signé par Mathieu Bédard, économiste à l’IEDM.

Lire le Cahier de recherche (en format PDF seulement)

Note

1. Wenli Li, « Entrepreneurship and Government Subsidies: A General Equilibrium Analysis », Journal of Economic Dynamics & Control, vol. 26, no 11, septembre 2002, p. 1815-1844. Cet auteur trouve même que le niveau total d’activité entrepreneuriale est réduit par les programmes d’aide à l’obtention de prêts. De plus, l’activité entrepreneuriale attire le capital de risque, mais l’inverse n’est pas vrai, selon Steven F. Kreft et Russell S. Sobel, « Public Policy, Entrepreneurship, and Economic Freedom », Cato Journal, vol. 25, no 3, automne 2005, p. 595-616. Une autre étude note que l’effet des mesures fiscales pour encourager l’entrepreneuriat aux États-Unis a été négligeable : Donald Bruce et Mohammed Mohsin, « Tax Policy and Entrepreneurship: New Time Series Evidence », Small Business Economics, vol. 26, no 5, juin 2006, p. 409-425.

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