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Textes d'opinion

Surplus ou pénurie d’énergie au Québec?

La campagne de financement pilotée par Gabriel Nadeau Dubois ramène cette semaine le projet d’oléoduc Énergie-Est de TransCanada à l’avant-plan de l’actualité. Malgré tout ce battage médiatique, peu sont ceux qui abordent un des aspects fondamentaux de cet enjeu directement lié à la consommation énergétique du Québec.

La capacité des tuyaux qui acheminent le gaz naturel vers le Québec et l’Ontario est limitée. Et pendant l’hiver dernier, particulièrement froid, cette capacité a été utilisée à 100 % et le prix du gaz a grimpé en flèche. Bref, le Québec était en pénurie de gaz naturel…

C’est pour cette raison que Gaz Métro semblait s’opposer à la mouture actuelle du projet Énergie Est il y a quelques semaines. En effet, on vise à acheminer du pétrole brut vers des raffineries de l’est du Canada en convertissant 3000 kilomètres de gazoduc, transportant du gaz naturel, en oléoduc pour transporter du pétrole. Selon la présidente de Gaz Métro, Sophie Brochu, ceci aurait pour effet d’« étrangler les approvisionnements gaziers du Québec et de l’Ontario, ce qui ferait grimper les coûts ».

Je suis plutôt confiant que TransCanada et Gaz Métro finiront par trouver un terrain d’entente, pourvu que les autorités réglementaires ne cherchent pas de s’immiscer dans ce débat. L’enjeu n’est pas là. Ce qui m’interpelle, c’est ce que révèle cette sortie de Madame Brochu.

Nous avons l’impression d’être en surplus énergétique au Québec à cause de nos surplus d’électricité. Mais en matière de gaz naturel par contre, il y a des problèmes d’approvisionnement pour certaines régions. Il y a aussi un problème d’approvisionnement en général, parce que le gazoduc à l’heure actuelle est insuffisant dans les périodes de consommation de pointe. Avec les nouveaux projets de Gaz Métro et l’intérêt grandissant pour le gaz naturel à bas prix, il faudra un autre gazoduc très bientôt.

Bref, ce n’est pas parce qu’on a des surplus d’électricité qu’il n’y a pas des problèmes de pénuries d’énergie, sauf qu’elles se situent dans un autre secteur : le gaz naturel. Évidemment, si on produisait ici du gaz de schiste (et plus ça va, plus on réalise qu’il y a possibilité de le faire tout en respectant l’environnement), on se trouverait à régler ce problème.

Youri Chassin est économiste et directeur de la recherche à l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

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