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Textes d'opinion

Trop taxer est nocif pour la santé

Si vous étiez un politicien, dans les poches de quel groupe iriez-vous fouiller constamment pour aller chercher quelques milliers de dollars de plus? Un groupe «facile» à taxer, que personne ne défend, et auquel vous avez une chance sur quatre d’appartenir: les fumeurs!

Le 2 décembre, le ministre des Finances Carlos Leitao pourrait annoncer une (autre!) hausse de la taxe sur le tabac dans le prochain budget. Québec chercherait même à taxer les cigarettes électroniques!

Dans vos poches, encore!

On le sait, les taxes «puritaines» ont la cote chez les politiciens: alcool, tabac et boissons gazeuses passent dans le tordeur. Elles permettent de siphonner une partie de la population tout en donnant l’impression de se préoccuper de leur santé.

Sauf que ces taxes ont des effets que nos décideurs publics oublient trop souvent.

Elles sont régressives, dans le sens où elles frappent de façon disproportionnée les pauvres. D’abord, la consommation de tabac chez les plus pauvres est 50 % plus élevée que chez les plus riches. De plus, comme un même montant représente plus pour les moins nantis, l’IEDM a montré que la taxe sur le tabac au Québec frappe les pauvres quatre fois plus durement que les riches!

Mais surtout, on commence à étirer l’élastique pas mal. Cette hausse de taxes serait la quatrième en deux ans pour les fumeurs, une au fédéral et trois au provincial. Or, que font beaucoup de gens lorsqu’on taxe trop les cigarettes? Ils se tournent vers le marché au noir et la contrebande. Et c’est probablement ce qui va arriver encore une fois, réduisant du coup les recettes fiscales que l’État pense aller chercher.

Un exemple: après qu’on ait haussé les taxes sur le tabac de 19 $ à 35 $ par cartouche entre 1989 et 1993, la part de marché de la contrebande est passée de 1 % du marché canadien du tabac à environ 31 %, privant l’État de plus d’un milliard de dollars entre 1990 et 1994.

Et comme par hasard, quand les gouvernements ont ensuite baissé les taxes (fédérales et provinciales), cela a freiné la contrebande et rétabli les ventes légales et les recettes de l’État.

Pas de coupes à l’horizon

On entend beaucoup parler de possibles compressions à droite et à gauche depuis quelque temps, mais ce sont pour la plupart des rumeurs que les ministres s’empressent de nier. Les contribuables attendent toujours un effort concret de l’État en cette période de présumée austérité. Réduire les dépenses, c’est toujours pour l’an prochain. En attendant, il semble plus facile de taxer!

Avez-vous vu un seul article de journal qui parle de postes abolis au gouvernement? Du côté d’Ottawa, il y a 26 000 personnes de moins qui travaillent pour le gouvernement fédéral depuis quatre ans, selon le Conseil du trésor. Et devinez quoi? Le gouvernement fédéral prévoit des surplus dans le prochain budget.

Le Québec est plus endetté, plus taxé et plus bureaucratisé. La solution est-elle vraiment une autre hausse de taxe?

Youri Chassin est économiste et directeur de la recherche à l’Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel. *Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

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