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Textes d'opinion

Réduire la masse salariale de l’État québécois… tout en haussant les salaires!

Pour arriver à rétablir les finances publiques du Québec de façon durable et « structurelle », il faut s’attaquer à l’éléphant dans la pièce : la masse salariale de l’État.

Près de 60 % des dépenses de programmes du gouvernement servent en effet à rémunérer les employés du secteur public. Par conséquent, si l’on veut envisager une réduction significative des dépenses de l’État québécois ou même simplement contrôler leur croissance, il faut absolument diminuer la masse salariale.

Or, les conventions collectives et les règles syndicales actuellement en place rendent la tâche très difficile pour un gouvernement qui souhaiterait réduire le nombre d’employés. En ce moment, il a très peu de marge de manœuvre pour éliminer des postes parmi les employés moins productifs ou compétents au cours de leur carrière. Il doit plutôt attendre que ceux-ci prennent leur retraite.

On devrait pourtant être capable d’imaginer un État québécois où les employés reçoivent de bonnes augmentations — conditionnelles à l’obtention de gains de productivité et à une réduction générale des coûts de fonctionnement du gouvernement — et sont bien payés. Mais où il y a par ailleurs beaucoup MOINS d’employés de l’État…

Cela présuppose, concrètement, que l’État se désiste carrément de certaines activités. Par exemple, qui a dit que le gouvernement du Québec doit obligatoirement avoir un télédiffuseur, dont les parts de marché, bon an mal an, n’atteignent pas 5 %? On pourrait plutôt prendre une partie des économies ainsi générées pour financer la production télévisuelle au Québec.

Ou que dire de l’armée de fonctionnaires chargée de verser des subventions aux entreprises ou de « favoriser l’entrepreneuriat »? L’annuaire des subventions du Québec répertorie environ 1800 programmes et sources de financement! Imaginez le nombre de bureaucrates que cela exige.

L’avantage de cette approche — de bonifier les conditions des employés qui demeurent — serait aussi de diminuer le nombre d’opposants aux réformes. Car les employés en place y verraient leur intérêt. Quant aux syndicats, outre quelques objections de façade, ils seraient surtout contre en raison de la perte de revenus qu’entraînerait pour eux une diminution du nombre de salariés leur payant une cotisation.

Là encore, un marché est envisageable : verser aux centrales syndicales une compensation financière pour le manque à gagner. Bien sûr, pour des raisons idéologiques et pour satisfaire leur base militante, certains syndicats se sentiraient quand même dans l’obligation de protester. Mais le degré d’intensité de leurs protestations serait vraisemblablement moindre dans un contexte où ils n’encourent aucune perte financière, et où une bonne partie de leurs membres sont somme toute satisfaits des réformes mises en œuvre.

Une telle réforme présuppose cependant que l’on se débarrasse de ce cliché éculé selon lequel il faudrait que l’État québécois « fasse plus avec moins ». Non! Il doit en fait « faire moins avec moins »!

Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l’Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

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