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Textes d'opinion

Marché du carbone : seulement la Californie n’est pas suffisant, admet Philippe Couillard

Je suis tombé sur un aveu du premier ministre du Québec que je souhaite partager avec vous.

Hier à New York, Philippe Couillard s’est vanté de la mise en place du marché du carbone entre le Québec et la Californie en janvier prochain, mais a indiqué qu’il déploie aussi des efforts considérables pour que d’autres provinces et États embarquent dans l’aventure avec lui. Selon cet article de Bloomberg paru aujourd’hui, le premier ministre aurait déclaré ceci, que je trouve particulièrement révélateur :

« Mettre en place un marché du carbone uniquement entre le Québec et la Californie n’est pas idéal. Nous travaillons très fort pour recruter de nouveaux partenaires. Si nous ajoutons quelques États de l’ouest, quelques provinces, l’Ontario, et peut-être certains partenaires de la Nouvelle-Angleterre, nous pensons que ça serait suffisant. »

Comme c’est ma propre traduction, je vous donne aussi la version originale anglaise : “Having a market with only California and Quebec is not ideal,” Couillard said. “We are working very hard to recruit new partners. If we just add a couple of Western states, a couple of provinces, Ontario, and maybe some New England partners, we think that’s good enough.”

Une question s’impose d’elle-même à la lecture de cette citation : suffisant pour quoi?

L’aveu implicite du premier ministre, que je décode dans cette déclaration, c’est que si le Québec va de l’avant sans avoir de nouveaux partenaires, le marché du carbone entraînera un impact économique majeur pour le Québec. Il faut que l’Ontario et d’autres gouvernements se joignent à ce marché pour éviter que les entreprises québécoises soient les seules à voir leurs coûts de l’énergie augmenter et deviennent soudainement moins concurrentielles.

L’ajout de partenaires n’a qu’un seul effet, soit de sortir le Québec de son isolement si dommageable pour notre économie. La Californie, c’est loin sur le plan géographique et économique. Nos principaux partenaires commerciaux sont l’Ontario et les États de la Nouvelle-Angleterre, justement.

Si la situation actuelle où le Québec n’a que la Californie comme partenaire n’est pas « suffisante », que fera le premier ministre? Reportera-t-il la mise en place prévue dans à peine plus de 3 mois?

Rappelons que le 1er janvier prochain, le prix de l’essence au Québec sera de 3¢ plus élevé par litre. L’entrée en vigueur du marché du carbone pour les stations-service touchera directement le portefeuille des Québécois. Et la majorité d’entre eux l’ignore encore…

Youri Chassin est économiste et directeur de la recherche à l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

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