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Textes d'opinion

Des idées pour relancer Montréal

La Banque de Montréal (BMO) et le Boston Consulting Group (BCG) viennent de dévoiler un plan de relance pour Montréal, inspiré de ce qui a été fait dans sept métropoles comparables (Manchester en Angleterre, Melbourne en Australie, Philadelphie, Pittsburgh, Boston, San Diego et Seattle aux États-Unis). Ces villes ont su relever leurs propres défis et sont aujourd’hui des « modèles », dans les mots des auteurs.

Qu’ont en commun les « plans de relance » de ces villes? Dans la grande majorité, elles ont fait le ménage dans leur bureaucratie, entrepris des privatisations (et utilisé les partenariats public-privé, les PPP) et/ou elles ont diminué les taxes des citoyens et des commerces.

Il ne fait pas de toute que Montréal a de sacrés défis à relever. D’ailleurs, les auteurs de l’étude font quelques constats de départs :

— La croissance du PIB y a été plus faible : 37 % à Montréal contre 59 % pour la moyenne des grandes villes canadiennes;

— Le chômage y a été plus élevé : depuis 15 ans, il a oscillé autour de 8,5 % dans le Grand Montréal contre 6,3 % ailleurs au Canada;

— Le revenu disponible des citoyens y a progressé plus faiblement, soit une augmentation de 51 % à Montréal versus 87 % ailleurs au Canada;

— La croissance démographique de Montréal a été la moitié de celle des autres grandes villes du pays, à savoir 16 % contre 33 %.

Parmi les enseignements potentiels de ces villes pour Montréal, les chercheurs notent également un fort leadership, des secteurs d’excellence, une modernisation des infrastructures, et l’importance des universités et de l’éducation en général.

Montréal a plusieurs atouts, note l’étude, notamment des créneaux d’excellence comme l’aérospatiale, les hautes technologies ou le multimédia, une grande population d’étudiants universitaires, et une vie culturelle riche en événements culturels et sportifs. Mais sans un ménage dans ses structures, ses dépenses et sa façon de livrer les services, ce ne sera pas suffisant.

Finalement, les auteurs y vont de dix propositions pour relancer Montréal d’ici une dizaine d’années, que vous pouvez consulter dans le document, en page 57.

Je tiens à saluer l’initiative de BMO et du BCG. Et Jacques Ménard, à l’origine de cette initiative. M. Ménard est un grand citoyen et un homme de cœur qui aime profondément Montréal et le Québec. Rappelons que Montréal est le cœur économique du Québec, dont la contribution au PIB a toujours été supérieure à son poids démographique. C’est donc essentiel pour la province que Montréal retrouve et maintienne son dynamisme.

D’ailleurs, l’IEDM avait proposé, en 2008, des solutions pour faire de Montréal une vraie métropole, et qui sont encore d’actualité aujourd’hui. Certaines rejoignent celles dévoilées cette semaine par l’étude décrite ci-haut. Parmi les autres, notons :

Garantir la qualité des infrastructures routières. En instaurant un péage fiscalement neutre (c’est-à-dire en compensant par une baisse équivalente du fardeau fiscal du contribuable) sur le réseau autoroutier métropolitain afin de financer exclusivement les travaux de réfection des infrastructures tarifées.

Renforcer la responsabilité et l’obligation de rendre compte des services municipaux. Montréal doit systématiquement chercher à augmenter sa productivité dans la fourniture des services municipaux. Pour ce faire, il faut offrir des contrats de performance aux entreprises des secteurs public et privé (qui seraient en concurrence) par l’intermédiaire d’un processus similaire à des enchères ouvertes.

Introduire la concurrence dans les services de transport en commun (autobus et train). Pour s’assurer de l’efficacité du système de transport en commun, il faut mettre en place des mécanismes de concurrence. Une ouverture du transport en commun urbain à des fournisseurs mis en concurrence mettrait fin au monopole actuel et amènerait une diminution potentiellement substantielle des coûts d’entretien. Le modèle de gestion entièrement publique en vigueur à Montréal est d’ailleurs de plus en plus abandonné dans les grandes villes partout dans le monde en raison de ses inefficacités et des coûts en croissance constante.

Si le maire Denis Coderre veut bien trouver quelques minutes pour lire l’étude de BMO-BCG, ainsi que celle de l’IEDM, il trouvera sûrement plusieurs idées pour relancer Montréal.

Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

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