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Textes d'opinion

La fuite en avant

La période de réjouissances est terminée. Je ne parle pas de Noël et du jour de l’An, mais bien de notre situation économique.

Après s’être fait dire pendant deux ans que notre modèle québécois nous protège des turbulences économiques qui secouent les États-Unis et l’Europe, voici que la réalité nous rattrape.

La croissance économique est pratiquement nulle et le marché du travail se porte mal. Le taux de chômage, qui atteint 8,7 %, est maintenant plus élevé que dans le reste du Canada et qu’aux États-Unis. En un an, nous avons perdu 51 000 emplois, dont 42 500 emplois à temps plein. Pendant ce temps, l’Alberta a créé près de 100 000 emplois, tous à temps plein, et affiche maintenant un taux de chômage de 4,9 %.

Certes, l’Alberta est choyée en pétrole, mais l’or noir n’explique pas tout : en effet, les pays du littoral atlantique de l’Afrique sont très pauvres en dépit de ressources pétrolifères abondantes. Par ailleurs, nous sommes si riches en eau que cette ressource pourrait fort bien être au Québec ce que le pétrole est à l’Alberta, à condition de s’en donner la peine.

Sortirons-nous du marasme en 2012? Certainement pas si nous continuons notre fuite en avant! Nous avons une économie anémique et hypersyndicalisée, une dette stratosphérique insoutenable, une fonction publique obèse et inefficace, une réglementation paralysante, des programmes étatiques hors de prix et un régime fiscal glouton et dévastateur. Une avalanche de hausses d’impôts et de cotisations a de plus été annoncée : la contribution maximale à l’assurance-emploi bondira de 8,3 %, celle au Régime des rentes du Québec augmentera de 5,6 %, la TVQ atteindra 9,5 %, sans compter l’augmentation anticipée des taxes foncières et des frais pour l'immatriculation des véhicules.

Pour nous rassurer, Québec évoque le Plan Nord. Cette initiative est censée être la locomotive économique qui assurera notre prospérité future. Or, investir 80 milliards de dollars en 25 ans, uniquement pour créer ou préserver 20 000 emplois, signifie que chaque emploi aura coûté 160 000 $ par année. On voit mal comment ce projet pourrait être la panacée!

La situation est-elle désespérée pour autant? Pas du tout! Souvenons-nous du cas du Royaume-Uni dans les années 1970. L’inflation atteignait 18 %, un chômage élevé sévissait, le pays souffrait d’un pouvoir démesuré des syndicats et le trésor public apparaissait ruiné. Le gouvernement britannique a même été contraint de demander un prêt au FMI. C’est alors que les Britanniques ont élu Margaret Thatcher. Son courage, sa force, son éloquence et sa détermination lui ont permis d’effectuer un virage à 180 degrés. La dame de fer a jugulé l’inflation, coupé dans les dépenses, allégé le fardeau fiscal, libéralisé les marchés et mis fin à la toute-puissance des syndicats.

La situation du Québec est certes différente de celle du Royaume-Uni de l’époque, mais les défis sont similaires. Oublions le Plan Nord! Pour redresser la situation, nous avons besoin de quelqu’un de l’envergure de Margaret Thatcher. Trouver cette personne, voilà le plus grand de tous les défis!

Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l'Institut économique de Montréal.
* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec
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