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Textes d'opinion

Privatiser Postes Canada? Absolument.

Texte d’opinion publié en exclusivité sur ce site.

La publication de notre étude sur l’ouverture à la concurrence de Postes Canada a suscité une réaction d’un chercheur de l’IRIS, Simon Tremblay-Pepin, par l’entremise d’un texte d’opinion publié dans La Presse.

Tout d’abord, notons que sa réaction est essentiellement fondée sur une anecdote. Le fait que M. Untel ne soit pas satisfait du service postal néerlandais ne constitue pas un échantillon représentatif suffisant pour poser un jugement. Il s’agit malheureusement d’un sophisme commun qui consiste à prendre un ou des cas particuliers et d’arriver à une conclusion en généralisant indûment.

Une recherche plus approfondie aurait permis de constater que la qualité du service aux Pays-Bas, qui a commencé à privatiser sa société d’État responsable des postes en 1994, s’est améliorée. En effet, selon un rapport produit pour la Commission européenne, la satisfaction des consommateurs néerlandais quant aux services postaux est en hausse et s’établissait à 92 % en 2008. M. Untel fait donc partie d’une minorité de clients insatisfaits, comme il en existera toujours.

L’ancienne société d’État privatisée des Pays-Bas dépasse les cibles de performance européennes pour la livraison du courrier local. De plus, on remarque une nette amélioration des services d’envois internationaux. En 2009, une lettre allant des Pays-Bas vers un autre pays européen arrivait à sa destination en moyenne 2,1 jours plus tard, comparativement à 2,9 jours avant la privatisation. En somme, depuis la privatisation, le temps de livraison a été réduit de 27 %.

Il est aussi mentionné que certains consommateurs néerlandais sont desservis par six postiers. Il est intéressant de noter que dans cette situation où plusieurs concurrents offrent un service similaire, le déclenchement d’une grève n’aurait pas pour effet de paralyser la totalité du service des postes et de prendre en otage les consommateurs et les entreprises, comme ce sera peut-être le cas au Canada.

En terminant, le Néerlandais mécontent à qui M. Tremblay-Pepin fait référence se plaint que son courrier lui est livré tard… le samedi! Il est certain que les Canadiens n’ont pas à s’inquiéter de ce problème majeur, leur monopole public n’offre aucune livraison le samedi, cela ne peut qu’être amélioré!

Face à la concurrence et aux pressions des actionnaires, une compagnie postale aux Pays-Bas n’a pas d’autre choix que de devenir plus productive, plus efficace et d’améliorer le rapport qualité-prix du service qu’elle produit si elle veut demeurer en affaires. Avec un monopole comme celui de Postes Canada, ces incitations sont absentes et les consommateurs, dont beaucoup d’entreprises, se voient refiler la facture sans égard à leur satisfaction quant au service.

Vincent Geloso et Youri Chassin sont économistes à l’Institut économique de Montréal.

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