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Textes d'opinion

Une enquête bâclée

C’est le 7 juillet dernier qu’a été rendu public un rapport d’enquête visant à faire la lumière sur le Climategate, le scandale des courriels du Climate Research Unit (CRU) de l’Université d’East Anglia qui avait jeté le discrédit sur la science du climat.

Aussitôt le rapport publié, la presse mondiale titrait que les chercheurs accusés avaient été blanchis de tout soupçon par une équipe d’enquêteurs objectifs et indépendants. Le document indique effectivement que «la rigueur et l’honnêteté scientifiques» des climatologues «ne sont pas en doute». C’était suffisant pour que les adeptes de l’écocatastrophisme clament que le dossier est clos et que les croyances pré-Climategate sont rétablies. Ce n’est toutefois pas aussi simple que cela!

Les enquêteurs sont présentés comme étant indépendants. Le chef de l’équipe, Sir Muir Russel, avait d’ailleurs déclaré au Times de Londres que «vu la nature des allégations, les preuves soumises doivent être analysées par des parties qui n’ont de liens ni avec l’université ni avec la communauté climatologique». Or, non seulement l’enquête a-t-elle été commandée et payée par l’université au coeur du scandale, mais on apprend qu’un des cinq membres, Geoffrey Boulton, a été professeur au département de sciences environnementales de l’Université d’East Anglia pendant 18 ans, et qu’il a signé en décembre dernier une pétition déclarant que les scientifiques éclaboussés respectent les plus hauts niveaux d’intégrité professionnelle.

En matière d’objectivité, les faits nous laissent perplexes. Dans pareille affaire, il est impératif que les enquêteurs interrogent toutes les parties concernées. Un procès ne peut être juste et équitable si une seule partie est entendue. Or, le rapport affirme que seul le personnel du CRU et de l’université a été interrogé. Les principaux critiques du travail de ces derniers, comme Steve McIntyre, Ross McKitrick, David Holland et Doug Keenan, ont été tenus à l’écart, alors que ce sont justement leurs demandes répétées d’accès à l’information qui ont amené les chercheurs du CRU à échanger des courriels incriminants. Et, comble d’«objectivité», la revue New Scientist révèle que les enquêteurs ont même jugé inutile d’interroger les accusés, notamment Phil Jones, directeur du CRU, et le professeur Michael Mann, relativement aux courriels qu’ils auraient effacés.

En plus de n’être ni indépendante ni objective, l’enquête est, dans une certaine mesure, malhonnête. En effet, alors que les auteurs déclarent n’avoir rien trouvé qui puisse invalider les conclusions du rapport du GIEC de 2007 auquel le CRU avait significativement contribué, on découvre, camouflées au milieu de 160pages d’une phraséologie fumeuse, deux graves déclarations qui donnent substance au Climategate.

D’une part, les auteurs admettent que le célèbre graphique en forme de bâton de hockey est «trompeur». Or, cet aveu aurait dû déclencher une onde de choc, car c’est précisément ce graphique qui est à l’origine de l’école du réchauffement anthropique et des travaux du GIEC. Quand le noyau est pourri, le fruit ne l’est-il pas tout autant?

D’autre part, le rapport souligne le «manque de coopération» du CRU face aux demandes déposées en vertu de la législation sur l’accès à l’information, et il souligne que des courriels auraient été effacés pour les soustraire à de telles requêtes. Les auteurs ne confirment-ils donc pas ainsi les allégations qui ont donné lieu au Climategate?

Pour les fidèles qui tentent d’échapper au naufrage de l’écocatastrophisme, le rapport constitue une ultime bouée de sauvetage. Pour le reste d’entre nous, le gros bon sens nous force à conclure que l’enquête a été, au mieux, bâclée. Les auteurs espéraient mettre un terme au Climategate. Au contraire, ils en ont attisé la flamme!

Nathalie Elgrably-Lévy est économiste senior à l’Institut économique de Montréal.

* Cette chronique a aussi été publiée dans Le Journal de Québec.

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