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Textes d'opinion

La semaine de quatre jours va nous sauver!

Un lundi soir pluvieux. Je feuillette le magazine Châtelaine et tombe sur un article au titre accrocheur: «Enfin jeudi!» Sujet: la semaine de quatre jours. Wow. J’attends ça depuis que mon professeur en a parlé dans un cours de sociologie au Cégep… il y a 16 ans.

L’article raconte que depuis deux ans en Utah, 17 000 fonctionnaires travaillent du lundi au jeudi (sauf ceux affectés aux urgences). Ils conservent leur plein salaire, mais on comprime leur semaine en quatre jours. La nature s’en réjouit: «Les édifices publics de Salt Lake City sont désormais fermés le vendredi. Pas de lumière à allumer, pas d’ordinateurs ou d’ascenseurs à faire fonctionner. La facture d’électricité a fondu de 13%.» Et les travailleurs parcourent moins de kilomètres par semaine pour se rendre au boulot, poursuit l’auteure. Résultat: 12 000 tonnes de CO2 de moins. C’est comme faire disparaître 2300 voitures de la route!

Des travailleurs aussi se réjouissent de ce type d’initiative. La firme KPMG a offert à ses 11 000 employés établis en Grande-Bretagne de réduire leurs heures de travail et leur salaire de 20%. Près de 85% d’entre eux ont dit «oui!»

Bref, plus de bonheur et un environnement plus propre. On devrait essayer ça au Québec, non? Seul problème: 97% de nos entreprises sont des PME, qui comptent moins de 10 employés. Pas évident de se passer de sa seule réceptionniste le vendredi.

Oh, mais attendez… Je connais un groupe facilement remplaçable et peu utile, qui pourrait lancer le mouvement ici: les politiciens. Je vous ai expliqué à quel point les groupes d’intérêts en mènent large au Québec (notamment les entrepreneurs en construction, semble-t-il). Et comment nos politiciens sont prêts à vider vos poches pour leur plaire. Je n’y avais jamais pensé, mais la meilleure façon de donner un répit aux contribuables, c’est peut-être de joindre les rangs des écologistes… Et pensez-y: si les politiciens travaillent seulement quatre jours, les lobbyistes aussi devront réduire leur semaine à quatre jours. Mère Nature sera contente.

Vous trouvez que j’exagère? À peine une semaine après son budget «courageux», rempli de nouvelles taxes pour vous, moi et grand-maman, le gouvernement québécois repart sur la go. Il a annoncé pour 732 millions $ de projets et subventions. Salle de danse, piscine semi-olympique, des dizaines de millions à des entreprises minières et autres… Dont un «prêt non remboursable» (ça ne s’invente pas!) de 13 millions $ à General Electric, une multinationale qui en a sûrement besoin…

Heureusement, ce fut une semaine de quatre jours (grâce au congé de Pâques). Imaginez si nos politiciens en avaient eu cinq!

La semaine de quatre jours pour les élus est la meilleure chose qui puisse arriver aux contribuables québécois. Plus les sessions parlementaires sont courtes, moins les députés ont de temps pour dilapider notre argent en adoptant lois, programmes, subventions ou projets pour séduire les groupes de pression. Bref, moins ils travaillent, moins ils causent de dommages.

Adoptons la semaine de quatre jours pour les politiciens. L’environnement – et votre portefeuille – s’en porteront mieux.

David Descôteaux est économiste à l’Institut économique de Montréal.

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