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Textes d'opinion

Mieux gérer nos forêts (1)

La forêt québécoise occupe une place importante dans nos vies. Elle génère annuellement près de 90 000 emplois directs et des salaires de 3,2 milliards de dollars. Le propos et les images choquantes du film L’erreur boréale de Richard Desjardins ont toutefois semé l’inquiétude. Selon Desjardins et certains écologistes, le ministère de l’Environnement n’intervient pas assez pour prévenir le saccage de notre forêt par l’entreprise privée. Qu’en est-il? Manquera-t-on bientôt de bois? Une intervention accrue des pouvoirs publics est-elle souhaitable pour mieux gérer la forêt? Voici l’essentiel d’une note récente de l’Institut économique de Montréal.

Malgré le discours alarmiste de certains écologistes et des problèmes réels (mais en résorption) dans la zone tropicale, l’humanité n’aurait éliminé que 20% du couvert forestier de la planète depuis le début de l’agriculture. De plus, selon l’Organisation des Nations-Unies pour le développement et l’agriculture, le couvert forestier de la planète aurait augmenté de 30,04% de la surface terrestre en 1950 à 30,89% en 1994.

Cette reforestation est particulièrement spectaculaire en Amérique du Nord et en Europe de l’Ouest. Par exemple, le couvert forestier du Vermont est passé de 37% de la superficie de cet État en 1850 à 77% aujourd’hui et celui du New Hampshire, de 50% à 87%.

Au Canada, les forêts ont progressé de près de 9 000 kilomètres carrés entre 1990 et 1995. Ces résultats s’expliquent surtout par l’élimination des animaux de trait au profit de l’automobile et d’autres machines (en 1910, environ 25% de la superficie agricole des États-Unis était consacrée à la nourriture de ces animaux), des hausses de productivité qui permettent de produire beaucoup plus de nourriture sur une même superficie et le développement de produits substituts (ainsi, les poutres d’acier remplacent les poutres de bois dans la construction domiciliaire).

Selon la plupart des experts, le Québec ne risque pas non plus une pénurie de bois. Environ 45 M de m3 de bois ont été récoltés en 1999, mais il faut garder à l’esprit que les aires de récolte représentent annuellement moins de un demi de 1% des terres forestières, soit une surface moindre que celle qui est défoliée par les insectes et brûlée par les feux pendant la même période.

Certains écologistes soutiennent que l’État n’est pas assez prévoyant dans l’estimation de la quantité de bois que l’on peut couper sans porter atteinte au capital forestier. On peut cependant rappeler que les forêts résineuses sous aménagement se renouvellent de façon naturelle dans environ 80% des cas.

De plus, des efforts de reboisement importants ont été faits depuis quelques années, si bien qu’il se plante maintenant près de 140 M d’arbres annuellement au Québec. Comme le souligne le professeur Luc Bouthillier de la Faculté de foresterie et de géomatique de l’Université Laval, la déforestation n’est pas un risque à long terme, car la forêt finit toujours par repousser.

Le professeur Bouthillier souligne toutefois que cela ne veut pas dire qu’une mauvaise gestion n’entraîne pas des problèmes importants à court terme.

J’examinerai la semaine prochaine la pertinence d’une intervention accrue de l’État pour améliorer la gestion de notre forêt.

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