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Textes d'opinion

L’embonpoint de l’État est-il naturel?

En 1997, le Groupe de travail sur l’examen des organismes gouvernementaux présidé par le député Joseph Facal recommanda de réduire le nombre d’organismes gouvernementaux de 204 à 96. Or, l’État québécois compte aujourd’hui… 205 organismes!

Dans la foulée du Rendez-vous national des régions, Québec a proposé d’être davantage à l’écoute des citoyens… en créant de nouveaux organismes étatiques! Les tenants de la théorie des choix publics, une sous-discipline de la science économique qui étudie le fonctionnement des marchés politiques, identifient un certain nombre de facteurs qui nous aident à mieux comprendre ce phénomène d’embonpoint bureaucratique.

1. La gestion publique n’est pas soumise à la recherche du profit. Elle fournit donc beaucoup moins d’incitatifs pour être plus efficace et pour contrôler les coûts d’exploitation. Contrairement à un gestionnaire privé, un fonctionnaire n’est pas évalué en fonction de sa capacité à créer de la richesse, mais pour sa conformité aux normes définies par l’appareil bureaucratique.

2. La rémunération d’un fonctionnaire n’est pas déterminée par son efficacité, mais par son niveau hiérarchique. Or, l’une des principales façons pour les gestionnaires publics d’accroître leur influence et leurs conditions salariales est d’augmenter la taille et l’influence de l’unité dont ils sont responsables. Il n’est donc pas étonnant que toutes les bureaucraties cherchent à élargir leurs champs de compétence, même si d’autres unités s’occupent déjà de fonctions similaires. Alors que le gestionnaire public est théoriquement sous le contrôle des politiciens, en pratique, la plupart des ministres ne connaissent que peu de choses au portefeuille qui leur est confié. Ce sont donc souvent les fonctionnaires, qui sont en principe les «contrôlés», qui exercent le véritable pouvoir. Il en résulte que plusieurs décisions politiques sont biaisées en faveur des intérêts de la bureaucratie (parfois involontairement).

3. Contrairement aux gestionnaires privés, la performance des politiciens n’est pas soumise à un référendum quotidien par lequel les consommateurs se prononcent en achetant ou en refusant d’acheter les produits et les services offerts. Le politicien moyen aura donc davantage tendance à gérer les fonds qui lui sont confiés en fonction de considérations électoralistes et partisanes plutôt que sur la base de la rationalité économique.

Comme l’a souligné Milton Friedman, quand on dépense son argent pour son propre bénéfice, on se préoccupe du montant et de la façon dont on le dépense. Quand on dépense son argent au bénéfice des autres, on surveille surtout le montant, mais pas autant la façon de dépenser. Lorsqu’on dépense l’argent des autres sur soi-même, on pense surtout à la façon de dépenser sans trop se soucier du montant. Finalement, quand on dépense l’argent d’autrui au bénéfice des autres, on ne s’inquiète ni des montants, ni de la façon de dépenser.

Serait-il concevable que ce dernier cas décrive assez bien le fonctionnement de nos institutions gouvernementales? Si c’est le cas, c’est une réforme structurelle profonde des règles régissant le processus bureaucratico-politique qu’il faudrait engager et non un simple remplacement des politiciens au pouvoir.

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