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Textes d'opinion

Les pauvres s’enrichissent

Statistique Canada dévoilait, le 13 mai, une étude dans laquelle on divise les familles canadiennes en déciles (tranches de 10%).

On y apprenait que le décile des familles les plus riches représentait 26% du revenu total au pays en 1990 et 28% en 2000. Durant cette période, les proportions respectives des autres déciles, y compris le décile le plus pauvre, demeuraient sensiblement les mêmes.

Les porte-parole de groupes qui prétendent lutter contre la pauvreté en ont conclu que les riches se sont enrichis pendant que les revenus de l’ensemble des familles stagnaient. Vivian Labrie du Collectif pour une loi sur l’élimination de la pauvreté s’est dite inquiète de ce que les gouvernements ne soient plus capables de redistribuer la richesse.

Les chiffres de Statistique Canada ne valident pas ces deux affirmations. Tout d’abord, l’agence fédérale présente les revenus avant impôt. Or, selon les données de l’année d’imposition 2000, les contribuables qui comptent parmi les 50% les plus riches ont versé 89% de tous les impôts perçus au pays.

Les statistiques sur l’enrichissement des familles sont trompeuses, car l’enquête ne compare pas les mêmes personnes en 1990 et en 2000. En effet, les personnes qui composent le décile des familles les plus pauvres en 1990 ne sont pas pour la plupart les mêmes que celles du décile le plus pauvre en 2000.

Ainsi, contrairement à ce que laissent entendre des activistes, la pauvreté n’est pas une trappe dont il est impossible de se sortir. Selon une autre enquête de Statistique Canada sur l’évolution du revenu annuel après impôts des personnes peu fortunées, seulement 3,3% des Canadiens sont demeurés sous le seuil de faible revenu à chaque année entre 1993 et 1998. Selon les chercheurs, c’est dans la catégorie d’âge des 18-24 ans qu’on trouve la plus forte proportion de gens à faible revenu pour une année ou plus (38,5%) et pour quatre années ou plus (10,8%), une situation qui s’explique évidemment par la présence des étudiants dans ce groupe. Leur situation s’améliore cependant rapidement après quelques années sur le marché du travail. Dans leur cas, la pauvreté n’est qu’une condition temporaire.

D’autres statistiques tirées du recensement apportent un éclairage intéressant sur cette problématique. Entre 1995 et 2000, la population canadienne a augmenté d’environ 5%, le nombre d’emplois a augmenté de 10% et le revenu d’emploi médian de 9%. Or la proportion des Canadiens (incluant les travailleurs à temps partiel et les étudiants) dont le revenu d’emploi était inférieur à 12 000 $ est passée de 32% à 28% durant cette période. Parallèlement, toutes les autres catégories de salariés connaissaient une augmentation. Le nombre des prestataires de l’aide sociale a diminué.

Comment peut-on alors réconcilier ces chiffres et l’apparente stagnation des revenus de la plupart des familles? Une hypothèse intéressante est qu’un grand nombre de jeunes ont quitté la demeure familiale plus tôt que par le passé en raison de la reprise économique.

Dans ce cas, la stagnation des revenus de plusieurs familles canadiennes serait une illusion statistique qui ne devrait pas inquiéter. Les données citées ci-haut démontrent en effet plusieurs aspects positifs que certains activistes passent trop souvent sous silence.

 

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