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Trudeau, le déficit et la classe moyenne

Cette semaine, le premier ministre Trudeau a annoncé qu’il reportait l’atteinte de l’équilibre budgétaire afin d’aider la classe moyenne. Comme le déficit atteint maintenant près de $30 milliards, la crainte du premier ministre est que s’il tente de le réduire, le fardeau des coupes effectuées pour y arriver sera supporté par la classe moyenne.

Il veut par conséquent éviter d’équilibrer le budget à tout prix. Fondamentalement, le premier ministre s’inquiète des inégalités qui pourraient être causées par une tentative de réduire le déficit. Cependant, il devrait aussi s’inquiéter de ceux qui seront les plus affectés par les déficits accumulés et de la façon par laquelle il atteindra éventuellement l’équilibre.

Le premier ministre devrait savoir que tant les déficits que les plans de retour à l’équilibre budgétaire ont tendance à augmenter les inégalités. Premièrement, les détenteurs de titres obligataires du gouvernement se retrouvent dans le haut de l’échelle des revenus. En situation de déficit budgétaire, les nouveaux titres obligataires auront aussi tendance à se retrouver dans les mains de ces individus. Toutefois, lorsque le gouvernement devra augmenter les taxes, cette augmentation sera répartie sur l’ensemble de la population. Ceci implique qu’une expansion de la dette résultant d’un déficit budgétaire tend à augmenter les inégalités. En d’autres mots, le fardeau de la dette est supporté en grande partie par ceux qui se situent plus bas dans l’échelle des revenus. (Source 1 et source 2)

La manière par laquelle les gouvernements atteignent l’équilibre budgétaire est importante. Lorsque les gouvernements agissent dans le but de revenir à cet équilibre, ils vont parfois le faire en augmentant des taxes à caractère régressif – ce qui a été le cas au Québec avec les taxes sur l’essence et les cigarettes. Lorsque cela arrive, les familles pauvres et celles de la classe moyenne sont plus affectées que les familles riches, puisque ces taxes représentent une plus grande part de leur budget. Souvent, aussi, ils refusent de sabrer des programmes politiquement profitables, mais qui ont tendance à augmenter les inégalités, comme les subventions et les crédits aux entreprises. En somme, la réduction du déficit n’a pas nécessairement besoin d’être faite sur le dos de la classe moyenne, puisque l’atteinte de cet objectif dépend essentiellement des moyens choisis par nos élus.

Plutôt que de repousser l’atteinte de l’équilibre budgétaire, le premier ministre devrait se préoccuper de ceux qui porteront le fardeau de la dette et des moyens utilisés pour retourner à l’équilibre.

Vincent Geloso is Associate Researcher at the MEI. The views reflected in this op-ed are his own.

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