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Op-eds

Finalement, Trump serait-il pour PLUS de libre-échange?

Plusieurs s’inquiètent, avec raison, des discours du président Donald Trump lorsque ce dernier parle de renégocier des ententes commerciales. On a parfois l’impression qu’il veut fermer les frontières et instaurer toute sorte de mesures protectionnistes.

Et si c’était le contraire ? Je suis loin d'être certain, dans un sens comme dans l'autre, mais un document révélé par les médias porte à croire que ce pourrait bien être le cas.

Lors des négociations à venir sur l’ALÉNA, le gouvernement canadien souhaite principalement renégocier une plus grande certitude sur le bois d'œuvre, un meilleur accès aux projets de construction publics et une amélioration des droits des travailleurs. Ceci serait sans contredit une bonne chose. Mais que veulent les États-Unis sous la gouverne de l'administration Trump?

Les États-Unis publient chaque année une liste de plaintes liées aux pratiques commerciales des autres pays. Selon l’article qui suit, plusieurs experts en commerce international s'accordent pour dire que cette liste constitue la base de la « liste d’épicerie » des Américains.

Selon La Presse canadienne, voici les principaux éléments : 

La gestion de l’offre : Le Canada limite les importations de produits laitiers, poulets, dindes et œufs. Le rapport mentionne que les importations américaines qui se situent au-delà des quotas sont soumises à d'importants tarifs : 245 % en ce qui a trait au fromage et 298 % pour le beurre. « [Cela] gonfle les prix que les Canadiens payent pour les produits laitiers et la volaille », peut-on lire dans le rapport.

Alcool : Le rapport mentionne que les Canadiens doivent payer des taxes sur les bouteilles d'alcool et de vin qu'ils rapportent des États-Unis. « Cela limite les achats d'alcool lorsque les Canadiens voyagent aux États-Unis. »

Secteur aéronautique : Le rapport mentionne plusieurs mesures canadiennes (lire : subventions) visant à aider l'industrie. Il mentionne spécifiquement Bombardier, disant que l’entreprise montréalaise doit être surveillée attentivement.

Commerce au détail : Le document souligne que les Canadiens payent des frais de douane lorsqu'ils achètent des produits en ligne valant plus de 20 $, alors que cette limite est de 800 $ pour les Américains.

Télécommunications : Les auteurs rapportent que le Canada limite à 46,7 % la propriété étrangère des principaux fournisseurs de télécommunications. « Il s'agit de l'un des régimes les plus restrictifs des pays développés. »

Bref, si l'on se fie à ce document, les demandes de l'administration Trump ne seraient pas pour moins de libre-échange, mais pour plus!

En fait, il s’agit là d’irritants au libre-échange que critique l’IEDM depuis plusieurs années, ceci afin de favoriser les consommateurs et les entreprises les plus efficaces de chaque côté de la frontière canado-américaine.

Selon Alan Wolff, avocat en droit du commerce international, lorsque deux pays renégocient une entente, c’est généralement pour l’élargir, et non pour en restreindre la portée. Ce dernier croit même que « les Canadiens aimeraient la plupart de ces changements ».

Maintenant, il sera intéressant de voir si les commentateurs qui critiquent Trump depuis plusieurs semaines sur la base de ses discours aux échos protectionnistes vont poursuivre leur défense du libre-échange si le président américain va effectivement dans une direction qui favorise plus de libre-échange…  J'ai bien l'impression que, pour la plupart d'entre eux, si Donald Trump traversait la rivière Potomac en marchant sur l'eau, leur réaction serait d'écrire « le Président Trump ne sait même pas nager! »

Michel Kelly-Gagnon is President and CEO of the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.

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