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Op-eds

Les pays étrangers à la rescousse des consommateurs canadiens

Le 12 septembre 2016, des organisations laitières des États-Unis, de l’Union européenne, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande rendaient publique une lettre commune, envoyée à leurs autorités commerciales et agricoles. Elles se disaient « indignées » des récentes mesures canadiennes qui viennent rendre encore plus difficile le commerce international des produits laitiers.

Ce groupe dénonce les politiques protectionnistes canadiennes, qui violent selon eux les obligations internationales du Canada, en favorisant une substitution des importations et en subventionnant les exportations de produits laitiers canadiens.

En juillet dernier, les Producteurs laitiers du Canada (PLC) et l’Association des transformateurs laitiers du Canada (ATLC) annonçaient la conclusion d’une entente sur l’utilisation des produits laitiers dans la transformation. Cette entente, qui n’est pas encore ratifiée par l’ensemble des membres (et dont le contenu exact n’est pas encore officiellement connu) rendrait plus difficile les importations de lait diafiltré.

Rappelons les faits : la production canadienne de lait est soumise à la gestion de l’offre. Les producteurs sont donc soumis à des quotas qui réduisent la production et font augmenter les prix, par rapport à un marché libre. Afin de préserver ce système, le gouvernement fédéral impose des droits de douane prohibitifs  sur les importations de produits laitiers (environ 300 % sur le beurre, par exemple). Pour ces raisons, le lait frais, et tous les produits faits à partir de cette matière première, sont très chers au Canada. Par exemple, en 2015, le prix de détail moyen d’un litre de lait était de 1,13 $CA aux États-Unis, contre 2,50 $ CA au Canada, au taux de change du marché.

Évidemment, les transformateurs laitiers canadiens, qui produisent yogourt, fromage, crème glacée et tutti quanti, doivent acheter une matière première très chère (le lait), ce qui affecte leurs coûts, leurs prix et leurs profits. Plusieurs se sont tournés vers une alternative internationale moins coûteuse (le lait diafiltré), qui n’est pas soumis à la loi canadienne.

Les amateurs de théorie des jeux auront vite compris qu’une entreprise canadienne de fromage industriel qui ne se fournit qu’en lait canadien est désavantagée au niveau concurrentiel par rapport à ses compétiteurs à plus faibles coûts qui utiliseraient des protéines de lait importées. D’où l’entente de cet été entre producteurs et transformateurs de lait, qui visait à obliger tous les second à se fournir en lait canadien.

Le système canadien de gestion de l’offre craque de partout. Les entreprises qui transforment le lait sont incapables d’exporter, en raison de leurs coûts de production exorbitants. La plupart des pays qui le pratiquaient il y a quelques années l’ont abandonné. Nos partenaires commerciaux sont fâchés du maintien de ce système désuet, qui ferme nos marchés à plusieurs types de produits agricoles étrangers. Et, évidemment, les consommateurs canadiens sont les grands perdants de ce cartel organisé en collaboration avec l’État.

Il faut reconnaître que l’entente de cet été n’est pas illégale dans le contexte actuel. Mais il est tout de même paradoxal que ce soient des producteurs de lait étrangers qui défendent les intérêts des consommateurs canadiens, qui ne sont protégés par presque personne ici.

Germain Belzile is a Senior Associate Researcher, Current Affairs at the MEI. The views reflected in this op-ed are his own.

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