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Op-eds

Faire confiance aux écoles pour favoriser la réussite des élèves

J’y ai cru pendant un moment et je pensais même que l’idée allait se concrétiser. Mais manifestement, le gouvernement a raté une belle occasion d’aller de l’avant avec l’abolition des commissions scolaires.

Rappelez-vous en 2014, le gouvernement avait présenté un projet de loi qui allait en ce sens. C’est l’ancien ministre de l’Éducation Yves Bolduc qui avait notamment promis de décentraliser le système scolaire, d’alléger ses structures et donner plus de pouvoir aux écoles et aux enseignants. Il faut dire que la participation aux élections scolaires, sous la barre des 5 % dans les commissions scolaires francophones, montrait à quel point la population du Québec jugeait dépassées les structures actuelles.

Une excellente idée qui n’a jamais vu le jour. Et ce n’est pas demain la veille non plus que ce scénario prendra forme, puisque le nouveau ministre Sébastien Proulx dit vouloir éviter les débats de structure pour se concentrer sur la réussite . (M. Proulx qui en passant a longtemps défendu l'idée lorsqu’il était dans l’opposition)

Or, justement, abolir les commissions scolaires et confier plus d’autonomie aux écoles permettraient une meilleure réussite des élèves.

Actuellement,  les commissions prennent en main de nombreux aspects de la gestion du personnel tant enseignant que non enseignant (embauche, licenciement, évaluation, etc.), veillent à l’entretien des installations, fournissent un soutien pédagogique au personnel et organisent les opérations de transport scolaire. Toutefois, toutes ses activités pourraient être exercées par des écoles autonomes elles-mêmes.

Pensons aux écoles privées du Québec qui ne se prévalent pas du soutien offert par les commissions scolaires. Il en existe 342 et chacune d’entre elles gère son personnel, ses services pédagogiques et ses installations. Somme toute, elles s’en portent très bien.

L’expérience de ces écoles nous prouve qu’il n’est pas nécessaire d’avoir d’intermédiaires entre le Ministère et les établissements. En l’absence de commissions scolaires, les écoles sont libres d’utiliser le matériel éducatif qu’elles jugent le plus approprié pour leurs élèves, de gérer leurs propres ressources pour les besoins des enfants et de se regrouper si elles le souhaitent pour des achats ou des contrats externes. Idéalement, les parents devraient aussi pouvoir déplacer leur enfant dans une école voisine selon leur volonté, avec le financement public qui “suivrait” l’enfant.

Cette combinaison d’autonomie et de responsabilisation des parents entraîne de meilleurs résultats scolaires pour les élèves , tel que le documente une vaste littérature scientifique. Les commissions scolaires empêchent la pleine matérialisation de ces bienfaits.

Le taux de participation aux élections scolaires est une autre bonne raison qui devrait pousser le gouvernement à abolir les commissions scolaires. Depuis 1990, le taux de participation a fléchi de manière alarmante. Aux dernières élections de 2014, seulement 5,54 % des Québécois ont voté. A cela, il faut ajouter que 40% des « élus » scolaires sont désignés sans opposition et sans élection. Ce taux de participation, systématiquement famélique, illustre clairement le manque de légitimité de cette institution.

Il est grand temps de libérer les écoles des contraintes bureaucratiques étouffantes. Sachant que la réussite de son enfant serait favorisée, quel parent serait contre?

Certaines commissions scolaires font les manchettes en raison de dépenses somptueuses, mais le vrai scandale n’est pas financier. Il réside dans le fait qu’on nuit à l’atteinte du plein potentiel des écoles et des élèves. Et ça, le gouvernement en est entièrement responsable.

Youri Chassin is Economist and Research Director at the Montreal Economic Institute and the author of "Abolishing School Boards to Promote Student Success." The views reflected in this op-ed are his own.

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