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Super GMF: plus ça change, plus c’est pareil

En annonçant l'implantation de 50 « supercliniques » de médecins au Québec d’ici la fin 2018, le gouvernement continue d'imposer des solutions bureaucratiques centralisées plutôt que de laisser une chance aux solutions innovantes qui émergent d’elles-mêmes dans le domaine de la santé.

Après les CLSC dans les années 1970, les Groupe de médecine de famille (GMF) dans les années 2000, voici aujourd'hui les « Super GMF ». Est-ce la réponse tant attendue au désengorgement des urgences? L'histoire nous suggère de demeurer sceptique, car il s'agit de la même recette bureaucratique qui échoue année après année.

Ce modèle de « Super GMF » peut avoir du bon, certes. Il y a certainement quelques endroits et quelques clientèles où ce type de clinique répondra aux besoins. Mais pas partout, pas pour tous. C’est le problème qu’on rencontre immanquablement lorsqu’on tente d’imposer un modèle unique, mur-à-mur.

La question des coûts est la grande absente de cette annonce. Une récente publication de l'IEDM montrait pourtant qu'une infirmière praticienne spécialisée en soins de première ligne par exemple, pouvant notamment poser des diagnostics et prescrire certains médicaments, coûte au système de santé environ trois fois moins qu’un médecin omnipraticien. Des projets impliquant ces infirmières praticiennes voient le jour dans le secteur privé depuis un an et remporte beaucoup de succès auprès des patients.

Il y a aussi des cliniques médicales privées qui se développent et répondent aux besoins sans que le ministère ne leur dicte leur moindre fait et geste. Pas besoin de leur spécifier combien d’infirmières embaucher. Ces cliniques connaissent bien mieux la réalité sur leur terrain qu’une structure bureaucratique qui impose des règles.

Un autre exemple : demandez-vous pourquoi on n’a jamais vu le ministre Barrette s’obstiner publiquement avec les dentistes sur leurs heures d’ouverture. Ce sont des exemples qui démontrent les succès des initiatives privées en santé, par opposition à l’incapacité du monopole public à faire preuve de flexibilité et d’efficacité pour répondre aux besoins des citoyens.

D'ailleurs, les critiques déjà formulées envers le projet des supercliniques par la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec ainsi que par certains syndicats laissent croire que les intérêts des patients québécois risquent encore une fois de passer après celui des groupes corporatistes.

Des éventuelles réformes du système de santé au Québec, si elles sont sérieuses, devront faire plus de place à l'entrepreneuriat, à la libre concurrence et au choix des patients. Il faut cesser de se contenter de faire réforme bureaucratique par-dessus réforme bureaucratique comme on le fait depuis 25 à 30 ans, où on change le nom des acronymes, on brasse les structures, mais en fin de compte le système est encore plus centralisé, et les résultats se font toujours attendre.

Enfin, rappelons que dans sa plateforme électorale, le Parti libéral du Québec s’est engagé à diminuer la lourdeur bureaucratique du réseau de la santé et des services sociaux.

Youri Chassin is Economist and Research Director at the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.

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