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Cinq innovations que vous ne retrouverez pas à la SAQ

La SAQ innove – certains diront « enfin ! » – avec une carte de fidélité annoncée à pleines pages de publicité dans les journaux il y a quelques semaines. Malheureusement, c'est beaucoup trop peu, surtout à côté de ce qui se fait ailleurs.

Lorsqu'on s'intéresse au marché de la vente au détail d'alcool à l'extérieur de nos frontières, on s'aperçoit en effet que plusieurs nouveaux services spécialisés bien plus innovateurs sont en train de révolutionner la façon dont on consomme le vin.

Voici quelques-uns des plus intéressants services dont peuvent profiter les consommateurs dans les pays comme la France et les États-Unis, où la vente de vin est plus libre:

1. Drizly

Votre belle-mère s'inviter à souper et vous n'avez plus le temps d'aller faire des courses. Se faire livrer une bouteille de vin comme on se fait livrer de la pizza, ce serait pratique, non ? L'application américaine Drizly permet de commander de l'alcool parmi une sélection allant jusqu'à 3 500 produits, avec une livraison garantie en moins d'une heure.

Dans certains quartiers de la région montréalaise, l'application Bob le livreur propose de faire la même chose pour la bière, un marché qui échappe au monopole de la SAQ. En attendant la fin du monopole sur le vin et les spiritueux, ce genre de service est restreint à la SAQ, qui ne propose que 35% de ses vins en ligne et ne livre que dans un délai de trois à cinq jours ouvrables.

2. D-Vine

Une machine à dosette, comme il en existe déjà pour le café, qui tempérerait les grands crus à perfection et les aérerait comme il convient, à la pression du doigt ? Une grosse partie de l'expérience œnologique dépend en effet de ces deux conditions et cette startup française promet que celles-ci soient toujours idéales. Les vins sont sous vide, dans des flacons brevetés qui conservent toutes leurs qualités gustatives jusqu'à trois ans.

3. Viniv

Lorsqu'on entend quelqu'un dire qu'il fait son propre vin, on pense au Château Ragoût, l'horrible vin maison dans La petite vie. Une entreprise de la région de Bordeaux, en France, propose aux amateurs de produire 248 bouteilles de vin selon les critères qu'ils ont eux-mêmes choisis, comme les cépages, la date des vendanges, ainsi que les paramètres de l'assemblage.

Il n'est pas a priori défendu de recourir aux services de Viniv. Cependant, le monopole de la SAQ implique de rapatrier vos 248 bouteilles de vin en passant par un importateur privé. Les démarches bureaucratiques que ça implique, ainsi que les droits et taxes que prélève la SAQ, vous décourageront probablement de vous lancer dans une telle aventure.

4. Le petit ballon

Et si les dégustations de vin, et les conseils d'un sommelier, se déplaçaient jusqu'à chez vous par la poste ? Ce service par abonnement disponible en France vous envoie, chaque mois, deux bouteilles sélectionnées par un maître sommelier, accompagnées d'une fiche de dégustation et de vidéos d'experts.

5. Mon Caviste à la Maison

En France, la vente de vin à domicile est maintenant monnaie courante. Vous pouvez organiser une dégustation chez vous avec un sommelier et celui-ci vous vend directement le vin. Il se rémunère de cette façon et, en tant qu'hôte, vous n'avez pas à lui payer d'honoraires. Au Québec, celui-ci ne pourrait guère faire mieux que vous suggérer d'aller vous-même à la SAQ plus tard.

Ailleurs, des entreprises privées innovent et rivalisent d'ingéniosité pour vous faire apprécier le vin et éduquer les consommateurs. Face à ces innovations qu'il serait impossible ou très difficile de développer au Québec, à cause du monopole, la SAQ fait penser à une compagnie de taxis sclérosée qui adopte enfin le paiement par carte pour faire face à la concurrence d'Uber. Quand les Québécois auront-ils le droit de goûter à ces innovations, eux aussi ?

Mathieu Bédard is Economist at the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.

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