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Op-eds

Les avantages du privé

Imaginez un monde où vous devez attendre six mois ou plus pour un rendez-vous chez le dentiste. Imaginez devoir conduire 700 kilomètres afin de vous procurer un médicament pour une crise d’asthme, parce qu’il n’y a pas de pharmacie ouverte après 18h en semaine dans votre ville… de quelque 300 000 habitants.

Si vous pensez que ces exemples de problèmes d’accès sont farfelus pour une économie moderne comme la nôtre, détrompez-vous. Ils existent bel et bien en ce moment, ou ont existé très récemment, dans d’autres pays industrialisés.

Bien sûr, les problèmes d’accès n’ont rien de nouveau dans notre système public de santé ; ils font régulièrement les manchettes.

Dans l’ombre du système public, il existe toutefois d’autres secteurs liés aux soins de santé qui fonctionnent bien sans qu’on les reconnaisse à leur pleine valeur.

En cette Journée mondiale de la santé, le moment est bien choisi pour célébrer les réussites dans ce domaine.

Prenez le cas des soins dentaires, qui relèvent essentiellement du secteur privé au Canada. Contrairement au système public de santé, les cliniques dentaires sont grandement accessibles. Les temps d’attente pour consulter un dentiste sont minimes, voire inexistants. Trois Canadiens sur quatre visitent une clinique dentaire chaque année, l’un des plus forts taux des pays de l’OCDE.

En Finlande, cependant, où près de la moitié des dentistes travaillent dans des établissements publics, le système continue d’être aux prises avec des ratés importants, et ce, malgré l’injection massive de fonds ces dernières années. Entre 2006 et 2012, plus de 13 000 personnes en moyenne figuraient depuis plus de six mois sur une liste d’attente pour les services dentaires dans le réseau public.

En Australie, les services dentaires sont également offerts à la fois dans des cliniques privées et dans les établissements publics. Les dépenses publiques en soins dentaires ont plus que doublé de 2006 à 2011, avec une croissance annuelle moyenne de 18 %. Malgré ces hausses, près de 400 000 adultes figurent sur des listes d’attente à travers le pays. Dans certaines régions, l’attente pour un rendez-vous dans le réseau public varie entre deux et cinq ans.

Le secteur de la pharmacie au Canada en est un autre qui offre des services de santé grandement accessibles. Plus de la moitié des Canadiens visitent une pharmacie chaque semaine, sans avoir au préalable à prendre rendez-vous. La quasi-totalité des patients peuvent obtenir leurs prescriptions dans un délai qui se chiffre en minutes.

Ce n’est cependant pas le cas dans tous les pays. En Suède, le secteur de la pharmacie a été maintenu sous l’emprise hermétique d’un monopole d’État de 1971 à 2009. Durant cette période, la Suède a figuré parmi les pays où le nombre de pharmacies en proportion de la population était le plus faible au monde. Les succursales fermaient leurs portes à 18h les soirs de semaine. Aucune pharmacie n’était ouverte le dimanche et plusieurs fermaient même complètement durant l’été.

La Suède a, depuis, profondément libéralisé ce secteur et le nombre d’établissements a grimpé en flèche, augmentant plus dans les quatre années suivantes que dans les trente précédentes.

Les succès des services de santé offerts par le secteur privé résultent principalement des mécanismes qui les régissent, à savoir l’entrepreneuriat, la concurrence et la liberté de choix des patients. On ne devrait pas être surpris de constater que ces mécanismes sont largement absents du système public de santé. Ce sont pourtant eux qui assurent que les patients restent au centre des préoccupations des fournisseurs de soins. Il faudrait garder cela à l’esprit dans notre recherche de solutions pour résoudre les problèmes de notre système public de santé.

Yanick Labrie is an Economist at the Montreal Economic Institute and the author of “The Other Health Care System: Four Areas Where the Private Sector Answers Patients’ Needs.” The views reflected in this op-ed are his own.

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