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L’effet concret d’une réduction du service de la dette

Pour plusieurs, la dette publique est quelque chose d’abstrait. Même lorsqu’elle frôle la somme astronomique de 267 milliards de dollars, il est parfois difficile d’apprécier comment elle nous affecte.

Rappelons ici que j’utilise ici non pas seulement la dette brute du gouvernement provincial au sens strict mais que j’ajoute à ce montant la dette de toutes les entités dont le gouvernement provincial s’est porté caution. En effet, si Jean doit 10,000$ à une Caisse Pop, mais qu’il s’est aussi porté caution d’une dette de 5,000$ que Paul a contracté auprès de la Banque Nationale, sa dette totale est bel et bien de 15,000$ et non de 10,000$. D’ailleurs, ce concept de « dette totale du secteur public », par opposition à la dette de l’État provincial au sens strict, est valable et utilisé par le Vérificateur général lui-même.

J’entends déjà certains répliquer: oui, mais on a des actifs? Qu’en faites-vous? C’est parce que vous voulez « faire peur au monde » que vous utilisez la dette brute du secteur public plutôt que la dette nette de l’état provincial!

Ma réplique: ah oui? Êtes-vous en train de me dire que vous êtes favorables à la vente au secteur privé de nos hôpitaux, de nos routes, de nos ponts et d’Hydro-Québec afin de diminuer le montant de notre dette? Personnellement, je suis favorable à la privatisation complète d’Hydro-Québec, mais nous savons tous que cela ne se fera pas et que, de toute façon, ceux-là mêmes qui critiquent notre usage de la dette brute comme chiffre de référence sont par ailleurs en général ceux qui s’opposent le plus à toute forme de privatisation (même mineure) des actifs étatiques.

Enfin, quand nous payons nos intérêts, c’est bel et bien sur le montant brut de la dette que nous les payons, et non sur cette abstraite et théorique dette nette. Et les revenus courants générés par Hydro-Québec et autres sociétés d’État sont déjà inclus dans les revenus totaux de l’État québécois. Presque à chaque année, notre estimation de la dette publique telle qu’exprimée par notre compteur de la dette se trouve en fait à être inférieure au vrai chiffre. Bref, on n’exagère pas du tout.

Mais revenons à nos moutons… Quel serait l’effet d’une réduction significative de nos paiements sur la dette — ce qu’on appelle le « service de la dette »?

Par exemple, cette année, si le service de la dette avait été de 25 % inférieur, le gouvernement récupérerait environ 2,29 milliards de dollars. Pour beaucoup de gens, 2.29 milliards c’est quelque chose de complètement abstrait. Alors donnons quelques exemples. Et j’insiste ici sur le fait que ce ne sont que des exemples visant à illustrer ce que signifieraient 2.29 milliards de plus dans les coffres de l’État québécois, et non une suggestion spécifique de ma part sur ce que nous devrions faire avec cet argent.

Ainsi, nous pourrions engager 10 900 infirmiers et infirmières de plus, et 17 200 nouveaux enseignants et enseignantes.

En effet, pour l’année 2013-2014, le service de la dette,  selon  le cadre financier consolidé, était de 10,77 milliards. Une réduction de 25 % nous donnerait donc  un montant de 2,293 milliards à dépenser.

On pourrait évidemment faire bien d’autres choses avec cet argent, y compris baisser les taxes et les impôts de la classe moyenne. Je vous laisse me suggérer quelques idées…

Michel Kelly-Gagnon is President and CEO of the Montreal Economic Institute. The views reflected in this column are his own.

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