fbpx Wealth creation.

" /> Wealth creation.

" /> Wealth creation.

" /> Wealth creation.

" />

Op-eds

Pour comprendre ce qu’est la «création de richesse»

Télé-Québec a réalisé une série de documentaires intitulée Les grands moyens qui traite, comme on le dit en sous-titre, de l’argent, du pouvoir et de la société. L’émission, animée par le renommé Bernard Derome, est somme toute fort intéressante et son site Web est bien fait.

Le site Web comporte un lexique qui comprend notamment une entrée nous expliquant ce qu’est la « création de richesse », et en particulier celle générée par les entrepreneurs. Voici ce qu’on y retrouve :

Création de richesse:

Les entreprises créent de la richesse en faisant des profits qui sont ensuite redistribués aux employés (salaires), aux actionnaires (dividendes) ou à l’État (taxes et impôts).

Cette définition de prime abord très sensée passe toutefois complètement à côté de deux éléments clés. C’est pour cela que, à la limite, elle peut même être considérée comme carrément fausse.

Je m’arrête sur ce point non pas pour critiquer la série Les Grands moyens, laquelle, je le répète, constitue une belle initiative, digne d’éloges. Mais parce que cette confusion, par ailleurs assez fréquente, et probablement faite de bonne foi en l’espèce, est à la base d’une compréhension erronée et, ultimement, de mauvaises décisions, notamment sur le plan des politiques économiques.

Premièrement, il faut réaliser qu’un entrepreneur contribue, d’abord et avant tout, à un « processus de découvertes » où il identifie les besoins des gens et, surtout, les meilleurs moyens afin de combler ces besoins en utilisant des ressources disponibles. Dans le cadre de ce processus le « marché » (c’est-à-dire l’interaction libre des producteurs et des consommateurs) l’informe, par le biais du mécanisme des prix et des profits, s’il fait fausse route ou non.

L’entrepreneur, en tout cas celui qui réussit, s’engage généralement dans ce processus de façon visionnaire en termes d’horizon temporel et/ou d’approches. Autrement dit, il fait ce qu’il fait avant les autres et/ou mieux que les autres. D’ailleurs, Charles Sirois, dans son entrevue à la série, explique assez bien ce processus quand il raconte comment il a anticipé, avant à peu près tout le monde, l’importance qu’aurait le téléphone cellulaire, dès 1980.

Ainsi donc, l’entrepreneur « crée » de la richesse en procurant aux consommateurs un bien ou un service dont ils ont besoin. Dans certains cas, l’offre peut être carrément nouvelle (par exemple, un téléphone cellulaire dans les années 1980) ou encore constituer une manière plus efficace de produire un bien ou service par ailleurs déjà disponible (par exemple, l’automatisation de la production des pâtisseries chez J.A. Vachon et Fils en Beauce dès les années 1920 et 1930).

Au fur et à mesure que les entrepreneurs produisent de nouveaux biens et services, toujours plus efficacement et à moindre coûts, la population voit son niveau de vie augmenter.

Deuxièmement, la définition mentionne que l’entrepreneur « redistribue » la richesse. En fait, l’entrepreneur, et le processus capitaliste, « distribuent » la richesse, mais ils ne la « redistribuent » pas. La nuance ici est absolument fondamentale, à la fois sur le plan économique et sur le plan moral. En effet, la « distribution » se fait de façon volontaire et organique, tandis que la « redistribution » de la richesse implique des choix politiques et un processus coercitif (généralement à travers les taxes et les impôts qui sont prélevées de façon automatique et obligatoire).

L’entrepreneur a besoin de capital financier pour opérer. Or, plusieurs sont en compétition afin d’obtenir ce capital. Il doit donc rémunérer ce capital s’il veut l’attirer et le retenir. Par exemple, en remboursant un prêt et ses intérêts ou encore en fournissant une plus-value à l’investissement initial fait par les actionnaires. De même, il a également besoin de capital humain (c’est-à-dire, des employés) pour se développer. Il doit là encore rémunérer ce capital, généralement par le biais du versement d’un salaire.

Plus son entreprise croit, plus il est dynamique, et plus le capital financier et le capital humain qui y est associé en bénéficieront. Mais ce processus en est un de distribution de richesses et non de « redistribution » de richesses. Il résulte d’arrangements contractuels volontaires. Et, s’ils ne sont pas satisfaits, l’actionnaire peut vendre ses actions et l’employé peut se chercher un travail ailleurs.

À l’inverse, un parti politique au pouvoir peut décider, à tort ou à raison, qu’il y a, par exemple, trop de capital financier investi à Montréal et pas assez à, par exemple, Port-Daniel en Gaspésie. Il utilise alors la machine coercitive de l’État pour transférer de la richesse de Montréal vers la Gaspésie. L’histoire nous enseigne que ce type de processus crée rarement, au net, de la « richesse ». Bien sûr, il bénéficiera à certains et d’aucuns le justifieront sur des bases morales ou politiques (par exemple, « aider les pauvres », ou encore « favoriser l’occupation du territoire »). Mais l’on est alors dans le domaine de la politique et non de l’économie.

Des gens en situation de pouvoir choisissent de « redistribuer » la richesse selon ce qu’ils croient approprié, et ceci en contradiction du libre arbitre naturel des acteurs économiques. Ceci n’a strictement rien à voir avec la « création de richesse ». Les résidants de la juridiction faisant l’objet de cette taxation peuvent bien sûr voter à intervalle régulier, s’ils vivent dans une démocratie, mais il s’agit d’un processus de décision diffus qui n’aura aucun impact sur une situation particulière. Et en fin de compte, si 5 loups et 3 brebis décident démocratiquement qui servira de repas, les brebis n’y peuvent strictement rien, si ce n’est que de tenter de fuir.

Michel Kelly-Gagnon is President and CEO of the Montreal Economic Institute. The views reflected in this column are his own.

Back to top