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Financement des hôpitaux : l’Angleterre, la voie à suivre

La Presse rapportait jeudi les conclusions d'une note de recherche de l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS) selon lesquelles le financement à l'activité des hôpitaux serait « une avenue risquée pouvant entraîner des effets pervers ». D'après l'auteur de l'analyse, qui s'appuie notamment sur le cas de l'Angleterre, ce mode de financement aurait peu d'incidence sur les listes d'attente et occasionnerait une hausse démesurée du nombre de gestionnaires.

Or, contrairement à ces prétentions, la réforme du financement du réseau hospitalier adoptée dans ce pays est un exemple de réussite dont nos décideurs devraient s'inspirer.

Actuellement, les hôpitaux au Québec reçoivent presque tout leur financement sous forme de budgets globaux fondés essentiellement sur les sommes de dépenses effectuées dans le passé. Ce mode de financement a toujours été perçu par les décideurs comme une méthode simple à administrer et utile pour planifier la croissance des dépenses hospitalières. Tout cela peut sembler bien avantageux du point de vue du gouvernement, mais il en est tout autrement de celui des patients.

En effet, cette volonté de maîtriser les dépenses s'est concrétisée historiquement au moyen d'un rationnement des services: devant une demande en constante expansion, les hôpitaux n'ont eu d'autre choix que de restreindre les admissions afin de respecter leur budget. D'où l'attente qui s'éternise dans le réseau de la santé.

En Angleterre, les hôpitaux étaient, avant 2003, financés principalement par budgets globaux et, à l'image de la situation au Québec, la population semblait résignée au long temps d'attente avant de recevoir un traitement. Depuis, la quasi-totalité des soins hospitaliers est remboursée en vertu d'un système de financement fondé sur les activités.

La réforme du financement des hôpitaux anglais a donné des résultats spectaculaires sur les plans de l'accès aux soins et du temps d'attente. La meilleure utilisation des ressources par les hôpitaux a permis de traiter davantage de patients, et ce, sans nuire à la qualité des soins. Depuis 2002, le temps d'attente médian pour une chirurgie non urgente est passé de 13 à 4 semaines.

La réforme du mode de financement des hôpitaux a aussi pavé la voie à d'autres changements au sein du système de santé anglais qui ont amélioré la qualité des services. Les patients ont maintenant la possibilité de choisir l'établissement où ils souhaitent recevoir leur traitement et les hôpitaux se font concurrence pour les attirer. Cette concurrence accrue a joué un rôle-clé dans l'amélioration de la gestion des hôpitaux et de la qualité des soins prodigués aux patients.

La rapidité avec laquelle les patients sont pris en charge aux urgences a aussi connu une nette amélioration, sans que d'autres aspects des soins en souffrent. Ainsi, 97% des patients se présentant aux urgences reçoivent un diagnostic du médecin à l'intérieur du délai cible de quatre heures.

Contrairement à ce que laisse entendre l'analyse de l'IRIS, la réforme du financement à l'activité n'a pas entraîné une multiplication hors-norme du nombre de gestionnaires dans le réseau de la santé en Angleterre. De 2002 à 2011, la croissance du nombre de gestionnaires a été deux fois moins rapide que celle du nombre de médecins (en équivalent temps complet). Cette croissance a aussi été comparable à celle observée en Écosse, une autre région du Royaume-Uni n'ayant pourtant pas adopté le financement à l'activité des hôpitaux.

Notre système de santé monopolistique souffre de plusieurs maux et le financement à l'activité n'est évidemment pas un remède miracle. Cependant, créer de meilleures incitations dans le cadre du système actuel est sans aucun doute un pas dans la bonne direction.

Yanick Labrie is an Economist at the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.

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