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Personne ne peut dépenser impunément

En 1996-1997, après des années de déficit budgétaire, la dette fédérale nette atteignait un sommet de 609 milliards de dollars. Dès l’année suivante, d’énormes efforts ont permis de cesser de gonfler la dette et même d’en rembourser une partie. Pendant onze années consécutives, le gouvernement fédéral a réussi à afficher des surplus budgétaires et à réduire sa dette de 93 milliards de dollars.

Durant cette période de surplus, atteints en grande partie grâce à des compressions de dépenses, le taux de chômage est passé de 10,4 %, en 1994 (lorsqu’on a commencé les compressions) à 6,1 %, en 2008 (la dernière année des surplus). La lutte contre le déficit n’a donc pas nui à la prospérité générale, mais en est plutôt en partie responsable.

Malheureusement, le gouvernement fédéral a renoué avec les déficits en 2008-2009, en raison de la crise économique et financière et de son plan de relance. Au cours des seules années 2009-2010 et 2010-2011, la dette a augmenté à nouveau de 92 milliards de dollars.

Autrement dit, tous les gains de onze années de lutte contre la dette ont été annulés par deux années de laisser-aller. Le gouvernement du Québec fait encore pire, avec ses emprunts de 11 milliards de dollars en 2010-2011 et sa dette du secteur public estimée à 244 milliards de dollars.

Recherche essentielle de l'équilibre

Le gouvernement d’un pays est, bien sûr, différent des adultes responsables d’une famille. Les deux sont cependant soumis à la même contrainte : ils ne peuvent pas impunément dépenser beaucoup plus que leurs revenus, sans devoir subir de graves conséquences.

Prenons le budget du gouvernement fédéral et enlevons quelques zéros, afin de rapprocher les chiffres de ceux qui correspondent au budget d’une famille. En 2010-2011, le gouvernement fédéral a obtenu des revenus de 237,1 milliards de dollars (237 100 000 000 $). Enlevons sept zéros et nous avons le revenu d’une famille, soit 23 710 $. Cette famille dépense 23 960 $ en biens et services, mais doit payer 3 090 $ en intérêts sur sa dette. Son déficit pour l’année courante est donc de 3 340 $ et s’ajoutera au solde de sa marge de crédit, qui atteint déjà 61 690 $.

Cette famille a planifié de continuer à s’endetter en réduisant le taux d’augmentation de ses dépenses pour « régler » ses problèmes. La plupart des observateurs conseilleraient probablement à cette famille de revoir ses plans et d’équilibrer rapidement son budget, avant que son banquier ne décide à sa place de son avenir financier.

Germain Belzile­ is Senior Fellow at the Montreal Economic Institute.

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