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Notre pire ennemie

Un lecteur a porté à mon attention le texte que Jean-François Lisée a publié sur son blogue et dans lequel il présente un extrait de son récent livre Comment mettre la droite K-O en 15 arguments.

Il y va d’une affirmation qui dévoile son incompréhension des motivations des pourfendeurs de l’étatisme. Il écrit : « On sent bien qu’une droite québécoise carbure à la détestation du Québec, à la détestation de soi. Il y a une joie non feinte à présenter le Québec comme retardataire, tribal, paresseux. »

Pour M. Lisée, comme pour la majorité des chevaliers de la gauche, l’équation est rudimentaire : critiquer le modèle québécois, c'est détester le Québec et les Québécois.

Cette logique traduit une triste confusion entre le Québec et le modèle économique en vigueur, entre les êtres humains et l’environnement dans lequel ils évoluent. Saisir la nuance, c’est comprendre qu’on peut désapprouver notre système économique tout en aimant le Québec. De plus, tenir un discours jovial et réconfortant suscite moins de controverse que de souligner nos échecs économiques. Ne faut-il donc pas sincèrement aimer notre Belle Province et souhaiter ce qu’il y a de mieux pour ses citoyens pour s’atteler à une tâche aussi ingrate que désagréable?

M. Lisée est satisfait de la situation du Québec. Il a en partie raison. Nous sommes incontestablement mieux ici qu'à bien d'autres endroits dans le monde. Toutefois, est-ce suffisant?

Au Québec, nous sommes choyés. Nous disposons, entre autres, de ressources abondantes, d’électricité bon marché, d'une main-d'oeuvre qualifiée, d'un accès privilégié au marché américain, d'une relative stabilité politique, d'une monnaie forte qui permet d’acquérir à bon prix les plus récentes technologies et d’un système bancaire en bonne santé.

Malgré tout, de 1981 à 2010, le poids économique du Québec dans l’ensemble du Canada a diminué, les Québécois se sont enrichis moins vite que les autres Canadiens, nous avons créé moins d’emplois que dans le reste du Canada, le nombre de jeunes travailleurs a diminué au Québec alors qu’il a augmenté ailleurs au pays, et l’investissement des entreprises y a été plus faible que dans les autres provinces.

Notre performance économique n’est clairement pas à la hauteur de nos nombreux atouts. Nous pourrions faire l’envie des autres provinces, alors pourquoi nous contenter d’être à la traîne du Canada? Cette question ne traduit ni la détestation du Québec ni la haine de soi. C’est plutôt la preuve que nous sommes conscients de nos capacités et motivés à nous dépasser.

En s’acharnant à défendre un modèle économique fondé sur l’étatisme et en nous faisant croire que tout est rose, la gauche retarde les réformes nécessaires à la réalisation de notre potentiel économique et nous maintient en position désavantageuse. À cet égard, elle est la pire ennemie des Québécois! Adhérer au discours de la gauche et nous complaire dans notre situation, c’est accepter d’être né pour un petit pain. Pire encore, c’est s’en réjouir. Personnellement, je suis convaincue que nous valons plus et que nous méritons mieux! Et vous?

Nathalie Elgrably-Lévy is Senior Economist at the Monreal Economic Institute.
* This column was also published in Le Journal de Québec
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