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Garderies

Depuis le 1er juin, les garderies sont soumises à la nouvelle directive du gouvernement du Québec sur la prohibition de l’enseignement de la religion. Nombreux sont ceux qui ont applaudi cette initiative sous prétexte que la foi en Dieu est une aberration, que les religions nuisent au développement de l’esprit, etc.

On peut être athée. On peut même éprouver un profond dégoût pour la religion. Toutefois, prendre position dans ce débat en fonction de notre appréciation des religions est une erreur. Ce n’est pas de l’existence de Dieu dont il est ici question, mais de la légitimité de l’État d’intervenir en matière religieuse.

Comme chaque fois que l’État rend obligatoire un modèle unique et universel, il crée deux catégories de citoyens jouissant de droits et de libertés inégaux : ceux qui sont avantagés par le modèle, et ceux qui en subissent les préjudices. C’est le cas avec la laïcisation forcée des garderies. D’un côté, l’État privilégie les athées et les ennemis des religions qui ont maintenant droit à des services qui répondent parfaitement à leurs valeurs. De l’autre, il méprise les croyants qui voient leurs préférences ignorées et leurs libertés bafouées. Ainsi, au Québec, en 2011, les croyants sont carrément devenus des citoyens de second rang!

Discrimination

Pourtant, la Charte des droits et libertés, dont la classe politique se gargarise allègrement, contient un article stipulant que « Toute personne a droit à la reconnaissance et à l’exercice, en pleine égalité, des droits et libertés de la personne, sans distinction, exclusion ou préférence fondée sur (…) la religion (…)? » Où est donc la « pleine égalité » quand elle accorde aux athées des droits qu’elle refuse aux croyants?

Plusieurs affirment que la religion doit rester à la maison, et que les contribuables n’ont pas à payer pour les croyances de certains. Argument indéfendable! D’abord, parce que les croyants paient leurs impôts comme tout le monde. D’ailleurs, l’État n’éprouve aucun scrupule à prendre leur argent, alors pourquoi leur refuser les services qu’ils souhaitent? Ensuite, parce que le principe même de l’impôt, un principe collectiviste, signifie qu’il est impossible de payer uniquement pour ce qui nous convient. On trouve normal que les végétariens subventionnent l’industrie porcine, que les pacifistes paient pour l’armée, et que les militants pro-vie financent les avortements. C’est une question de solidarité, paraît-il. Alors pourquoi tant d’émois lorsqu’il est question de financer des garderies religieuses? Assisterions-nous à l’étatisation de la discrimination?

Conclusion

Jusqu’à récemment, le Québec offrait des services de garde pour satisfaire les croyances et les valeurs de tous les parents. Cette époque est maintenant révolue. Il y a là une conclusion importante à tirer : accepter l’argent de l’État, c’est comme signer un pacte avec le diable. En échange de quelques dollars, il faut accepter de lui donner le plein contrôle, et de renoncer à nos libertés, à nos valeurs, voire à nos plus profondes convictions. Ne l’oublions jamais!

Nathalie Elgrably-Lévy is Senior Economist at the Monreal Economic Institute.

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