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Les intérêts convergent

N’en déplaise à Amir Khadir, pour qui les multinationales étrangères ont des intérêts contraires à l’intérêt du Québec, lorsqu’une entreprise d’ailleurs décide d’investir dans un projet ici, les retombées sont très généralement positives. La littérature économique établit en effet que les investissements étrangers outillent les Québécois pour qu’ils deviennent plus productifs et font croître leurs salaires et l’économie par la même occasion.

Premièrement, il est dans l’intérêt du Québec de recevoir des investissements privés. Rappelons que les investissements étrangers jouent un rôle d’autant plus important au Québec du fait qu’il ne reçoit que 17 % des investissements privés réalisés au Canada. De plus, il importe de souligner même si les multinationales étrangères n’emploient que 13 % des travailleurs québécois, elles sont la source de 40 % des investissements en équipement de production. Ainsi, sans les multinationales étrangères, les investissements productifs au Québec en souffriraient.

Deuxièmement, il est dans l’intérêt du Québec d’avoir une économie productive. En 2007, le Groupe de travail sur l’investissement des entreprises soulignait la contribution exceptionnelle des multinationales à cet égard, qu’elles soient d’origine étrangère ou même canadienne. Celles-ci sont en effet 51 % plus productives que les entreprises locales. Les entreprises sous contrôle étranger sont responsables des deux tiers de la croissance de la productivité des 30 dernières années. Sans multinationales, la croissance économique du Québec en souffrirait.

Troisièmement, il est dans l’intérêt du Québec et des travailleurs québécois que les salaires augmentent. Or, les salaires augmentent lorsque la productivité augmente. Cette vérité toute simple aide à mieux comprendre que les investissements et la productivité, des concepts économiques un peu abstraits, ont des impacts bien concrets pour les travailleurs d’ici. Sans multinationales et sans investissements étrangers, les travailleurs du Québec en souffriraient.

En somme, opposer les intérêts des multinationales aux intérêts du Québec n’a de sens que si l’on ignore complètement les connaissances économiques accumulées depuis plusieurs décennies. Le but de toute entreprise demeure de générer des profits, mais cela nourrit le bien commun. Aucun profit n’est possible à long terme si l’entreprise ne répond pas aux demandes de ses clients, ne prend pas soin de ses travailleurs et ignore les communautés où elle se trouve. Quant aux profits, ils indiquent à quel point ce que produit l’entreprise répond à un besoin important aux yeux des gens.

Les Québécois tirent à juste titre une grande fierté de la réussite du Cirque du Soleil à Las Vegas. Les gens de Las Vegas ont toutefois autant de raisons de se réjouir, et c’est le cas. Ici aussi, nous pouvons nous réjouir lorsque les multinationales font le choix de s’établir chez nous. Malheureusement, les multinationales étrangères sont moins présentes au Québec qu’ailleurs au Canada. Et l’intérêt du Québec en souffre. Ceux, comme Lucien Bouchard, qui tentent de corriger cette situation pour le mieux-être de leurs concitoyens doivent être félicités et non conspués!

Michel Kelly-Gagnon is President and CEO of the Montreal Economic Institute.
* This short text was also published on June 6 in Le Journal de Montréal and in Le Journal de Québec.

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