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L’élection du dégoût

Comme le climat politique peut changer en deux ans! À l’automne 2008, Barack Obama connaissait une fulgurante ascension. Avec un slogan accrocheur et à des discours enflammés, il a subjugué les foules et fait pleurer d’émotion des millions de personnes. Et bien qu’il n’eût encore rien accompli, il suscitait l’extase et la béatitude des médias. Il était encensé, vénéré, déifié. On voyait en lui le Sauveur de l’Amérique. Aujourd’hui, c’est l’Amérique qui se sauve de lui!

Certes, on savait que la cote de popularité d’Obama avait chuté au cours des derniers mois. Mais les résultats de l’élection de mardi, c’est plus qu’une écrasante défaite, c’est un tsunami électoral qui restera gravé dans l’histoire des États-Unis.

Les Américains ont lancé un message clair: ils sont insatisfaits, voire carrément dégoûtés, de l’administration Obama. Comment ne le seraient-ils pas?

Sur le plan de l’économie, une série de mesures ont maintenu l’Amérique dans un marasme dont elle peine à sortir. En deux ans, Washington a injecté plus de 11 000 milliards de dollars dans l’économie américaine sous forme de plans de relance, de sauvetage et d’autres mesures. On a nationalisé des secteurs de l’économie et augmenté le nombre de fonctionnaires. Avec un taux de chômage qui se maintient autour de 10% et une croissance négligeable, la seule chose qu’Obama ait réellement stimulée, c’est la dette nationale. Mais surtout, les Américains découvrent avec répugnance que cet endettement a servi à financer des projets aussi inutiles que grotesques. Entre autres, Washington a accordé des fonds pour des études sur les fourmis, la musique improvisée et la réaction des singes face à l’injustice, ainsi que pour la construction d’un trottoir menant à un fossé et l’installation de fenêtres neuves dans un centre pour visiteurs fermé depuis 2007!

Sur le plan de la politique nationale, une maladresse n’attend pas l’autre. Obama a parlé avec mépris de la Constitution des États-Unis, la «loi suprême» qui fixe notamment des limites au rôle de l’État. Il a précipité l’adoption de la réforme du système de santé sans que personne ne sache réellement ce qu’elle contient. De plus, au lieu de tenir des propos rassembleurs, Obama y est souvent allé de déclarations ayant pour effet de diviser la population et d’affaiblir l’identité nationale. Notamment, lors d’une entrevue récente pour une station de radio hispanophone, il a invité les auditeurs à voter de manière à «punir nos ennemis et récompenser nos amis».

Sur le plan de la diplomatie et de la géopolitique, Obama a enchaîné les offenses et les gestes incompréhensibles. Au début de sa présidence, il s’est confondu en excuses pour les faits et gestes posés par le pays qu’il est censé défendre. Il a renvoyé à Londres le buste de Churchill que Tony Blair avait offert aux États-Unis, il s’est laissé narguer par l’Iran sur la question nucléaire et il a choisi la date anniversaire de l’invasion soviétique de la Pologne pour annoncer à cette dernière l’abandon du projet de bouclier antimissile.

Les Américains voulaient un rédempteur, ils ont élu un imposteur. Ils voulaient sauver leur économie, leur président l’a mutilée. Ils voulaient se sortir de la crise, Washington les y a enfoncés. L’élection de mardi représentait bien plus qu’un bras de fer entre les partis démocrate et républicain. C’était un affrontement entre l’idéologie socialiste et les valeurs américaines, entre la tyrannie et la liberté. C’était l’expression d’un écœurement total face aux politiques de Washington. Le peuple américain a parlé. L’administration Obama a-t-elle compris le message?

Nathalie Elgrably-Lévy is Senior Economist at the Monreal Economic Institute.

* This column was also published in Le Journal de Québec.

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