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Pourquoi je défends la liberté économique

Depuis la parution de mon livre, ma boîte de courriels est prise d’assaut. Un lecteur m’écrivait que, vu les propos que j’y tiens, je ne peux plus «cacher» que je favorise le libre marché, tandis qu’un autre m’invitait à «avouer» mes convictions économiques.

Le choix des termes est surprenant: «cacher», «avouer». Comme s’il était honteux de se baser sur les enseignements de la science économique pour conclure en faveur du libre marché! Il est vrai que plusieurs opposent la liberté économique à un interventionnisme étatique qui serait plus porteur des valeurs de solidarité et de compassion. Grâce à une rhétorique séduisante, les mouvements et penseurs de gauche passent pour les protecteurs des pauvres, alors qu’on attribue les pires intentions aux défenseurs du libre marché.

Le fondement de cette dichotomie est une chimère. Il ne s’agit pas d’un combat entre le bien et le mal, entre l’altruisme et l’égoïsme, entre les gentils et les méchants. La gauche n’a pas le monopole de la bonté, ni celui de la pitié ou de la générosité.

Qu’on se revendique social-démocrate ou que l’on prône le libéralisme économique, nous poursuivons tous le même combat. Nous voulons tous que les plus démunis puissent se loger et se nourrir convenablement, que les soins de santé soient rapidement et universellement accessibles, et que l’eau soit partout disponible en quantité suffisante. La question est justement de savoir quels sont les moyens les plus efficaces pour y arriver.

Miser sur la création de la richesse

Aux yeux de la gauche, on ne peut aider les plus pauvres qu’en enlevant aux plus riches, d’où cette fixation sur la redistribution de la richesse. Les partisans du libre marché, quant à eux, croient qu’il est injuste d’arracher à quiconque le fruit de son travail. Ils jugent essentiel de récompenser celui qui étudie, déploie des efforts, fait preuve d’initiative et prend des risques. Pour améliorer le sort de tous, le libéralisme économique mise sur la création de richesse.

Création ou redistribution, voilà ce qu’il faut trancher. Et l’expérience nous montre une quantité innombrable de preuves de l’inefficacité de l’interventionnisme.

La Régie du logement applique le principe de la redistribution depuis les années 1980. Pourtant, non seulement nous manquons de logements à prix abordable, mais leur état ne cesse de se détériorer. Depuis presque un demi-siècle que l’on redistribue la richesse au profit des agriculteurs, notre secteur agricole est perpétuellement en difficultés. Quant aux soins de santé, les sommes colossales qu’on y engouffre ne réussissent pas à venir à bout des interminables listes d’attente, de la pénurie de médecins ou du retard technologique. Non seulement les méthodes redistributives ne permettent-elles pas d’atteindre les objectifs visés, mais elles nuisent souvent à ceux qu’on prétend vouloir aider.

Face à l’échec de l’interventionnisme, ne faudrait-il pas remettre en question la logique redistributive? Pour améliorer le sort des démunis, ne serait-il pas pertinent d’écouter ce que l’analyse économique suggère et de comprendre la logique qui l’inspire?

L’Ex-URSS, l’Allemagne de l’Est, la Chine, Cuba, la Corée du Sud et plusieurs pays d’Europe de l’Est ont cru en la redistribution de la richesse. La seule chose qu’ils aient redistribuée, c’est la pauvreté!

La gauche offre un discours aguichant. Et même si ce discours m’avait séduite à vingt ans, les enseignements de la science économique m’incitent à défendre maintenant le libre marché. Parce qu’il faut créer de la richesse avant de pouvoir la redistribuer, et parce que seules la liberté économique et la responsabilité individuelle sont sources de prospérité. Les nobles intentions sont insuffisantes, encore faut-il disposer des bons outils pour atteindre ses objectifs.

* This column was also published in Le Journal de Québec.

Nathalie Elgrably is an Economist at the Montreal Economic Institute and author of the book La face cachée des politiques publiques.

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