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Les coûts de la santé

Une chose frappante dans la campagne électorale qui s’amorce est le manque généralisé d’imagination des politiciens en ce qui concerne les problèmes du régime public de santé.

Tous les partis politiques se défendent de songer à remettre en question le caractère monopolistique du régime. Les solutions qu’ils proposent sont celles qui ont déjà échoué à maintes reprises au cours des dernières années: davantage d’argent et davantage de planification bureaucratique centrale. Tous les partis fédéraux sont «conservateurs» au sens où ils veulent conserver le système actuel.

Une étude toute récente du Fraser Institute compare les systèmes de santé des pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économique, qui regroupe la plupart des pays développés, offrant une couverture universelle d’assurance maladie (soit tous les pays, sauf les États-Unis). L’étude révèle deux choses: 1) En tenant compte de la pyramide des âges dans les différents pays, c’est au Canada que le système de santé coûte le plus cher; 2) Notre pays se classe mal en ce qui concerne la longueur des files d’attente ainsi que les indicateurs de santé.

Dans un article du Wall Street Journal, Pierre Lemieux, économiste et professeur associé à l’Université du Québec en Outaouais, montre que notre système a des coûts cachés. Les files d’attente imposent en effet des coûts à ceux qui seraient prêts à payer pour obtenir un diagnostic ou un traitement plus rapide.

Il ne s’agit pas là de problèmes théoriques. Ceux qui doivent attendre plusieurs semaines (l’attente médiane minimum est de six semaines dans les différentes provinces) pour un traitement d’oncologie ou plusieurs mois pour une IRM (imagerie par résonance magnétique, procédure pour laquelle l’attente moyenne est de trois mois) subissent des risques pour la santé, sans compter l’inquiétude et l’angoisse qu’ils éprouvent. C’est aussi le cas pour les 10 000 Québécoises victimes du cancer du sein qui, depuis 1997, ont dû attendre plus de deux mois avant d’obtenir une radiothérapie postopératoire.

Le problème essentiel du système actuel n’est pas qu’il offre des soins de santé publics, mais bien qu’il s’agit d’un monopole. L’assurance privée (sauf celle qui couvre des services qui ne sont pas assurés par le régime public) est, à toutes fins utiles, illégale, de sorte que l’éclosion d’un secteur privé complémentaire déjà très réglementé est étouffée dans l’oeuf.

Comme le professeur Lemieux le fait remarquer, le système canadien a trois vitesses: les très riches peuvent aller se faire soigner aux États-Unis; certains connaissent les trucs pour sauter en tête des files d’attente ici; les autres attendent leur tour au bout de la queue.

Le caractère monopolistique du système canadien de santé fait l’objet d’une contestation juridique qui sera présentée devant la Cour suprême en juin. Jacques Chaoulli, un médecin généraliste de la région montréalaise, veut faire déclarer inconstitutionnelles les dispositions qui interdisent de payer pour des soins au-delà des prestations offertes par le régime public. Selon un sondage récent réalisé pour l’Institut économique de Montréal, 72% des Québécois sont d’accord avec M. Chaoulli.

Voilà le vrai débat qui devrait être mené, mais, malheureusement, il semble faire peur à toute la classe politique.

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